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Libre ! Jacqueline Sauvage graciée, la lutte contre les violences sexistes doit continuer

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Sarah Macna

Libre, enfin. Après 47 de violences au sein de son couple et des années en prison, le combat de Jacqueline Sauvage, de ses filles et de ses avocates aura payé. Le futur ex-président Hollande a en effet annoncé sa grâce complète aujourd’hui par Twitter. Fin d’un feuilleton, ou nouvelle étape d’une lutte prolongée ?

Il y a un an, c’est la décision définitive de la Cour d’Appel de Blois qui avait marqué le début de la médiatisation de cette affaire judiciaire, en réaffirmant la peine de dix ans de prison. Une condamnation dont les justifications ne venaient que confirmer la logique patriarcale de la justice dans les cas de violences faites aux femmes, accusant ses filles de n’avoir rien dit, sans questionner une minute les policiers et gendarmes qui, à plusieurs reprises, avaient fermé les yeux face aux indices de violences du père et mari de la famille Sauvage.

Il aura fallu la détermination de ses filles et de ses avocates, mais aussi la solidarité spontanée et massive de milliers de femmes pour que cette histoire dramatique ne reste pas dans le silence des méandres de la justice. Pétition, collecte de fonds, rassemblement, page Facebook, tribune dans les journaux… Ce sont toutes ces voix, solidaires parce que voyant en Jacqueline Sauvage le symbole de la société patriarcale, de ses violences quotidiennes, de sa justice indécente, qui ont résonné dans le pays pendant tous ces mois, jusqu’à devenir un slogan unitaire pour un mouvement féministe pourtant divisé sur bien d’autres points. D’après son avocate Janine Bonaggiunta, ce sont ces soutiens qui sont venus à l’esprit de Jacqueline Sauvage lorsqu’elle a appris sa libération : « Elle m’a seulement dit qu’elle était submergée de courriers et de marques d’attentions à son égard et que sa cellule allait bientôt devenir trop petite pour toutes les contenir »

Pendant tous ces mois, le gouvernement « socialiste » aura tergiversé, accordant au début d’année une « grâce partielle » qui ne changeait rien à la situation et permettait à Hollande de se donner quelques allures de progressisme sans apporter aucune solution à la victime, qui sera maintenue en prison pendant encore de longs mois. La justice, quant à elle, aura justifié sa position de refus de libération conditionnelle en accusant même le mouvement de solidarité de ne pas permettre à Jacqueline Sauvage de « comprendre » sa peine. La décision finale de Hollande intervient donc après un long périple d’argumentations, justifications et procédures visant à mettre un terme à la prise de conscience que pouvait faire émerger le cas de Jacqueline Sauvage. Et ce n’est pas l’instrumentalisation de son cas au profit de luttes internes au PS, comme a pu être la tribune en faveur de sa libération du candidat à la primaire Benoît Hamon dans Libération il y a quelques temps qui peut nous faire changer d’avis sur cette question.

Les médias titrent aujourd’hui sur « la fin d’un feuilleton judiciaire ». En réalité, pour nous et pour tous les soutiens contre les violences faites aux femmes, cette libération doit constituer une étape pour continuer la lutte. Continuer en n’accordant aucun crédit aux promesses de progressisme, aucune confiance à ceux qui maintiennent cette justice patriarcale, et en comptant sur nos propres forces, que l’on peut avoir vu s’éveiller lors de ces longs mois de détention injuste. Pour toutes les Jacqueline Sauvage.

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Mis à jour le samedi 13 avril 2024