Aller au contenu Aller au menu Aller à la recherche

Logo du site

Accueil > Communiqués, conférences, réunions > NPA national > Anti-fascisme, contre le racisme, migrants et réfugiés > Quand l’extrême droite parle « social »...

Quand l’extrême droite parle « social »...

La démagogie sociale est devenue consubstantielle du discours de l’extrême droite, au moins pendant les campagnes électorales, voire au-delà. Trois débats récents ont permis à la direction de développer à nouveau son discours prétendument « social »...

D’abord, il y a eu la polémique déclenchée au moment où François Fillon a gagné l’élection primaire de la droite LR, fin novembre, autour de son projet pour la Sécurité sociale. Son plan de limiter l’assurance maladie légale aux « gros risques » et aux maladies de longue durée, faisant la part belle aux assurances privées, a fait chuter le candidat de droite dans les sondages au cours du mois de décembre. D’autant plus que Fillon, s’il a un peu modéré son propos lors d’une visite dans un hôpital effectuée le 14 décembre dernier, maintient son projet malgré toutes les résistances.

Derrière les attaques contre Fillon, encore pire !

Marine Le Pen y a vu une belle occasion de positionner son parti vent debout contre le discours de François Fillon. Elle se fait même – dans le verbe – la défenseur acharnée du programme du Conseil national de la résistance (CNR) de 1943 qui est à la base de la création de la Sécu. Une occasion trop belle pour la présidente du FN de gommer, aux yeux de l’opinion publique, le passé de son propre parti… qui plonge ses racines non pas dans la Résistance mais pour beaucoup de ses fondateurs dans l’activisme pro-nazi et collaborationniste.

Ainsi, pour appuyer sa campagne, le FN a fait imprimer de fausses cartes Vitale, mais vrais tracts, qui portent l’inscription : « Fillon va vous rendre malade. (…) Une opération radicale sans anesthésie ! » Une opération de communication qui sans surprise permet d’introduire la prétendue fraude comme raison des difficultés rencontrées par la Sécu et la suppression de l’Aide médicale d’État (AME) aux personnes sans-papiers comme réponse... Cela ne doit aussi pas faire oublier que Marine Le Pen avait fait campagne en 2012 contre une prétendue fraude gigantesque à la Sécu, affirmant alors qu’il y aurait « dix millions de cartes Vitale volées » en circulation... C’était archi-faux, la candidate confondant numéros mal attribués (par exemple suite à des erreurs administratives) et fraudes réelles. Mais cela lui permettait alors de faire miroiter des « économies potentielles » délirantes en matière d’assurance maladie…

Coup de pouce... à la réaction

Le deuxième débat, autour du 20 décembre, concernait l’absence de « coup de pouce » en matière d’augmentation annuelle du SMIC, pour la onzième année consécutive (il n’y en aura eu aucun pendant tout le mandat de François Hollande...). Le FN faisait partie de ceux et celles qui criaient au scandale... Sauf que le parti lui-même ne propose qu’une augmentation « raisonnable », non chiffrée, à la différence des demandes concrètes – et chiffrées – par exemple de la CGT et de FO.

En 2012, Marine Le Pen avait par ailleurs proposé une augmentation de « 200 euros » pour les salaires les plus bas… mais en ne modifiant pas la répartition entre le capital et le travail. Sa recette miracle consistait alors à réduire radicalement les cotisations sociales, ce qui signifiait donc plus de « salaire direct », mais moins de protection contre la maladie, l’invalidité…

Et des couacs...

Les tentatives de l’extrême droite de faire incursion sur le terrain des politiques sociales connaissent aussi parfois de sérieux couacs. C’était le cas lors du « déplacement thématique » de Marine Le Pen dans le département de l’Eure, vendredi 6 janvier. Un déplacement à travers lequel elle cherchait à se présenter en « défenseur des services publics menacés dans les espaces ruraux », le troisième moment de sa campagne « sociale » du moment.

Ainsi elle a visité un bureau de poste à Ecouis, 800 habitantEs. À au moins deux reprises durant son déplacement, Marine Le Pen a lourdement insisté sur le scandale qui consisterait, pour les habitantEs des zones rurales, à payer leurs services publics deux fois : à travers leurs impôts versés à l’État, et à travers les collectivités territoriales financées par les impôts locaux... Sauf que c’est tout simplement faux : nulle part en France, les services postaux ne sont financés par les collectivités territoriales. Et le journal le Monde de citer le maire de la petite commune : « Je m’étonne qu’elle ne soit pas plus au courant. »

Certes, il est vrai que le recul des services publics, pas uniquement dans les zones rurales, constitue un vrai scandale social et politique. Mais il est tout aussi évident que le FN est vraiment le dernier interlocuteur auquel on peut s’adresser si on veut combattre les inégalités…

Bertold du Ryon

SPIP 3.2.0 [23778] | Squelette BeeSpip v.

Mis à jour le dimanche 24 mars 2024