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Quelques notes rapides sur le résultat des élections catalanes

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Sandra Ezquerra

Vendredi 22 décembre 2017, par Raul Camargo, traduit de la version anglaise parue dans International Viewpoint.

1. la grande perdante des élections régionales anticipées tenues en Catalogne le 21 décembre 2017 est le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy. Il a destitué le gouvernement catalan démocratiquement élu et dissout le Parlement par le biais de l’Article 155, puis convoqué une élection afin de casser la majorité favorable à l’indépendance et de renforcer sa position. Il n’a réussi aucun de ces objectifs.

Les partis indépendantistes maintiennent (avec une perte de deux sièges), une majorité absolue et les partisans catalans du parti de Rajoy, le Partido Popular (PP), s’est écrasé, subsistant comme une force résiduelle sur le point de perdre sa représentation parlementaire. Il semble que le déclin du PP a pour origine la concurrence réelle qu’il subit désormais dans son propre camp.

2. le camp indépendantiste connait quelque réorganisation, mais avec peu de différence globale de votes et de sièges. Il reste solide et n’a pas été handicapé par l’Article 155, le déploiement de la police ou les emprisonnements. Mais la droite de ce camp a gagné du terrain sur la gauche, en particulier la CUP (comités d’unité populaire), qui a perdu la moitié de ses votes et 60 % de ses sièges. La CUP est une admirable organisation à bien des égards, mais pratiquement depuis le début, elle a joué le rôle du petit frère du processus, sans aucune orientation vis-à-vis des secteurs de gauche qui ne sont pas favorables à l’indépendance. Ce travail de construire un pont de classe au-dessus des camps (même si le camp de l’indépendance est reconnu comme hégémonique) est, selon moi, à l’origine du résultat médiocre des gauches. L’ERC (Esquerra Republicana de Catalunya) a démontré un manque d’audace et en général, ses dirigeants sont apparus comme des personnes de faible niveau politique. A l’inverse, le parti du nationaliste catalan de droite, la convergence, maintenant appelée Junts Per Catalunya, qui a trouvé dans Puigdemont un habile politicien a réussi à surmonter une situation de départ très difficile pour le PDeCAT (Partit Demòcrata Europeu Català). L’avenir du processus est incertain. Mais en prison ou pas, il semble clair que Puigdemont sera à nouveau le Président de la Catalogne. Il est dommage que la droite ait conservé la direction de ce camp, mais en tout cas, elle n’est comparable en aucune façon à l’autre droite, celle du côté unioniste.

3. Ciutadans a tout balayé dans le camp unioniste, absorbant le vote PP presque complètement, mais mordant aussi dans l’électorat de gauche, surtout dans la ceinture industrielle de Barcelone. Il est inquiétant qu’un parti néolibéral à 100 %, plus à droite que le PP sur certaines questions, puisse attirer autant de voix ouvrières. L’absence de la gauche dans de nombreux quartiers populaires est un facteur, mais aussi le mouvement indépendantiste, en particulier sa composante la plus gauche, n’a pas été en mesure de dialoguer avec celles et ceux qui canalisent leur rage sur le terrain national espagnol plutôt que sur le terrain social. Son chef, Albert Rivera, peut avoir un tremplin privilégié ici pour prendre une place au niveau de l’État espagnol.. Le PSC (Partit dels Socialistes de Catalunya) est resté presque au même niveau, rabaissant les espoirs infondées sur son candidat, Miquel Iceta. Pedro Sanchez, le leader du PSOE n’a pas gagné grand ’chose aujourd’hui, mais il n’a rien perdu non plus.

4. En ce qui concerne les En Comù et Podem, le résultat est mauvais, même s’il n’y avait pas beaucoup plus d’attentes. Mais les chiffres bruts disent que Catalunya en Comù (CeC) a obtenu 84 % de ses votes dans la province de Barcelone, mais seulement 9,5 % dans la capitale, Barcelone, où la maire, Ada Colau appartient à cette coalition. CQSP (Catalunya Sí que es Pot – la coalition apparentée à Podemos lors des dernières élections régionales) avait eu un résultat déjà décevant, mais là c’est pire, même si le candidat et la campagne étaient meilleures. Ici les erreurs de se maintenir en permanence à équidistance entre les deux camps et le manque de préparation pour l’organisation du référendum du 1er octobre et les manifestations qui ont suivi ont pesé lourd. En outre, la quasi dissolution de Podem par voie administrative. Pour une force de gauche, rester spectateur du plus important processus de mobilisation populaire depuis des années, ne semble pas être la bonne recette pour obtenir plus de soutien. Maintenant CeC devrait réfléchir à comment construire une référence organique qui soit effectivement implantée. Mais le risque d’être sous le simple appendice d’ICV (Iniciativa per Catalunya Verds) reste élevé. Au niveau de l’Etat espagnol, nous espérons qu’il n’y aura pas de marche arrière quant à la défense de l’organisation d’un référendum sur l’indépendance de la Catalogne, qui, après ce 21-D, continue d’apparaître comme la seule solution possible à la question catalane. ·

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