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Solidarité avec le peuple grec !

Ce qui se passe en Grèce interroge touTEs les anticapitalistes : à partir du moment où un mouvement réformiste-radical comme Syriza vient au pouvoir, certes sans qu’il y ait eu défaite frontale des travailleurs mais avec une usure de luttes jamais victorieuses, quelles sont ses marges de manœuvre, et quelles doivent être les tâches des anticapitalistes ?

Trois semaines après la victoire électorale de Syriza, on est au cœur de ces questions, avec les premiers pas d’un gouvernement largement soutenu (si les élections avaient lieu aujourd’hui, Syriza aurait 45 % et la droite seulement 18 %), mais aussi des limites évidentes. Le mouvement de masse – sauf la direction du KKE, le PC grec ! – est descendu à plusieurs reprises dans les rues pour que les mesures anti-austérité soient appliquées, et pendant ce temps, Tsipras, ses ministres et conseillers, se sont lancés dans des négociations difficiles avec des instances européennes et le FMI.

Des sourires inquiétants

L’enjeu avait été fixé par Tsipras : refus de toute troïka, arrêt immédiat du mémorandum avec en conséquence le refus que la Grèce perçoive le dernier montant du prêt (7,2 milliards d’euros). En revanche, des discussions pour obtenir un « accord passerelle » permettant de mettre en œuvre les premières mesures « humanitaires », et de lancer quelques pistes de relance. Pour cela, la demande que la Grèce perçoive les gains de ses obligations à la Banque européenne (1,9 milliard d’euros), une augmentation de 10 milliards du seuil d’émission des titres du Trésor à court terme ou encore que les 11 milliards d’euros du Fonds de stabilité financière grec puissent être affectés à l’assainissement total de son système bancaire. Sans oublier le passage de l’excédent budgétaire par rapport au PIB de 3 ou 4,5 % à 1,5 %, conformément au Pacte de stabilité.
L’accueil divers à cette démarche réellement minimum traduisait les inquiétudes réelles de certainEs, par rapport à un mouvement de solidarité naissant. Christine ­Lagarde se proposant comme intermédiaire entre l’UE et le gouvernement grec... Michel Sapin, expliquant doctement que la victoire de Syriza aide la France à peser pour une réorientation de la politique européenne... L’argentier allemand Schaüble dans le rôle du méchant, sans oublier les gouvernements espagnol et portugais...
Syriza a voulu jouer sur ce qui serait les contradictions profondes de l’UE (et du FMI !), qualifiant les premières discussions au niveau européen de positives, alors que tout le monde parlait pourtant d’absence d’avancée. Une nouvelle manifestation de la volonté de Tsipras, affirmée devant le groupe parlementaire de Syriza, de respecter les réglementations européennes. Et une série de manœuvres entre les uns et les autres, comme si sur le fond, le gouvernement français n’était par exemple pas d’accord avec la ligne Merkel !

Un cadre alternatif ?

Existe-t-il un cadre alternatif face à l’étau de l’Union européenne ? À ce jour, deux espaces possibles. La Chine, qui vient d’inviter Tsipras en visite officielle et voit la Grèce comme une tête de pont possible pour développer son influence dans la région… et ses méthodes de surexploitation ! Mais aussi la Russie de Poutine : plus que des espoirs de financement, ce qui compte ici est la réorientation des liens internationaux. Ainsi le ministre des Affaires étrangères N. Kotzias, ancien de la direction du KKE (et ex-soutien de Jaruzelwski...) développe une ligne d’alignement sur les positions pro-russes, et s’il se démarque par exemple à juste titre du soutien européen à la droite extrême de Kiev, c’est pour un alignement nationaliste sur l’impérialisme russe !
En vérité, à cette étape, on voit mal autre chose que la bataille vis-à-vis de l’Union européenne. Reste donc à voir comment la mener, et de ce point de vue, on peut avoir quelques sérieuses inquiétudes... Le ministre grec des Finances Varoufakis affirmant, puis niant, puis confirmant, que Syriza pourrait appliquer 60 à 70 % du mémorandum ; les conseillers financiers de Syriza dans les négociations actuelles : un keynésien américain pur jus ou une ancienne candidate centrale du Pasok en 2009, critiquée par Tsipras comme libérale encore en 2011...
Face à tous ces risques d’engluement technocratique, mettant en danger les mesures minimales, le mouvement de masse doit s’intensifier, dans l’indépendance de classe, pour refuser tout recul. Lundi 16 février, l’échec des négociations à Bruxelles entre les ministres des Finances de la zone euro, avec le refus par la Grèce de la proposition de l’Eurogroupe (prolongation « technique » de six mois du programme d’aides actuel conditionnée à des réformes...), ne laisse pas d’autre choix que celui de l’affrontement.

D’Athènes, A. Sartzekis

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Mis à jour le samedi 13 avril 2024