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Le gouvernement ment sur la sélection. 1ER février, facs et lycées, tou.te.s dans la rue !

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Sur le chantier éducatif, comme pour les autres, le gouvernement souhaite aller vite, très vite… Mais tandis qu’à l’Université, l’instauration de Parcoursup et de la sélection des bacheliers entraîne une levée de bouclier, dans les lycées, c’est le projet de suppression du bac national et la réforme du lycée, prévue dès septembre 2018, qui déclenche l’inquiétude et la grogne des enseignants et des élèves. Fait rare depuis 2009 et la mobilisation contre LRU 2, les syndicats et les associations de l’enseignement supérieur ont appelé de manière unitaire à une première grande journée de mobilisation le 1er février avec les organisations étudiantes. Dans le secondaire, la CGT Educ’action, FO, Sud Education et certaines fédérations du SNES qui n’attendront pas la date du 6 février pour se mobiliser et appellent les lycées à les rejoindre dès ce jeudi.

Yano Lesage

Mensonges sur la sélection !

Il y a à peine quelques mois, à la rentrée de septembre, la bien mal nommée « loi d’orientation et de réussite des étudiants » prévoyant l’instauration de Parcoursup et de la sélection des bacheliers à l’entrée de l’université était annoncée par la ministre de l’Enseignement Supérieur, Frédérique Vidal, sans provoquer de véritables remous. L’affaire des « bacheliers tirés au sort » du système APB, concernant pourtant moins de 1% des 800 000 bacheliers, montée en épingle dans les médias, avait su avoir raison de l’opinion, d’une partie des parents d’élèves et des enseignants.

Si la ministre Frédérique Vidal et le gouvernement se sont toujours refusés à prononcer le terme de « sélection », avec la publication des « attendus » et les modalités d’application de Parcoursup à l’université, la mécanique de communication se crispe : notes, lettres de motivation, test de culture générale en ligne, « goût pour le voyage » ou « maîtrise d’une langue étrangère », comptent parmi les « attendus » de certaines licences. Autant de critères qui valident non pas tant les compétences et le niveau scolaire du bachelier – qui sort du lycée aujourd’hui en maitrisant parfaitement une langue étrangère ? - mais bien l’origine sociale, le niveau de l’établissement de provenance, le capital économique et culturel familial.

L’autre mensonge gouvernemental concerne la possibilité d’une année de remise à niveau, un argument servi par la ministre pour démentir la sélection. En vérité, comme l’ont souligné les enseignants des universités réunis lors de la Coordination Nationale de l’Education le 20 janvier dernier à la Bourse du Travail de Paris, la sous-dotation chronique des universités (il manquerait 1 milliard d’investissement annuel pour remettre à niveau les universités françaises et améliorer leurs capacités d’accueil) laisse cette promesse en l’état. Faute de place et de moyens dans les universités, avec Parcoursup, beaucoup de bacheliers, et notamment ceux provenant des établissements déjà relégués socialement et scolairement, se retrouveront sans formation universitaire l’année prochaine.

Sélection dès la seconde : réforme du bac et du lycée

Avec le plan Vidal, il n’est plus question d’infléchir la reproduction sociale qui prévaut à l’Université ni la tendance à ce que les enfants des classes supérieures y réussissent mieux que les enfants des milieux populaires. Tout au contraire, c’est une réforme qui grave dans le marbre l’exclusion des enfants des classes populaires de l’enseignement supérieur universitaire.

Celle-ci devrait être renforcée et complétée avec la réforme qu’a lancée Jean-Michel Blanquer sur le lycée et le baccalauréat. Le rapport Mathiot en fixe déjà les premières lignes : suppression des filières pour un lycée modulaire plus « en phase » avec les filières du supérieur et dont la carte dépendra localement des desiderata du chef d’établissement ; choix de l’orientation dès le premier semestre de seconde, c’est-à-dire à 15 ans ; mise en place du « bac local » et fin du diplôme national avec l’instauration du contrôle continu pour le baccalauréat. Le choix d’orientation dès la seconde, tout comme l’établissement fréquenté deviendront déterminant pour la suite du parcours scolaire et pour l’accessibilité à l’université. Le plan Vidal et la réforme Blanquer sont les deux faces d’une même politique d’exclusion et de relégation scolaire et universitaire qui touchera de plein fouet la grande majorité des enfants des couches populaires, issus des établissements sensibles ou pas.

Mobilisation des enseignants chercheurs : du jamais vu depuis la lutte contre LRU de 2009

Depuis le début du mois de décembre, la grogne monte sur les universités principalement autour du refus de la remontée des attendus locaux. Le spectre de la sélection réactive le réseau de mobilisation hérité de la lutte contre la LRU de 2009 au sein du monde universitaire. Le 20 janvier, une première Assemblée Générale contre la sélection à l’université s’est tenue à la Bourse du Travail de Paris, puis une seconde le 27 janvier à Paris 3. Appelée par les syndicats de l’enseignement supérieur (Snesup-FSU, CGT-FercSup, Sud Education, FO), des étudiants et lycéens (UNEF, Solidaires Etudiants, UNEL) et des associations comme celles des sociologues (l’ASES), des Parents d’élèves (FCPE) ou encore « Sauvons l’Université », ces AG cherchent à créer un cadre de « Coordination Nationale de l’Education » réunissant des étudiants, des enseignants-chercheurs et des enseignants du secondaire. Mettant en lien plan Vidal et sélection, réforme Blanquer et suppression du bac national, l’assemblée du 27 janvier a appelé à se mobiliser conjointement le 1er et le 6 février, afin de faire la jonction avec les revendications dans le secondaire.

Assemblées Générales dans plusieurs facs de France

Depuis une semaine la mobilisation se construit sur les universités. A Paris 1- Panthéon Sorbonne, le CFVU a voté le refus de publier les attendus des formations et décidé d’envahir le Conseil d’Administration qui refusait de respecter sa décision. Vendredi 26 janvier, une Assemblée Générale a réuni 400 personnes, - enseignants, personnels administratifs et étudiants confondus-, au centre PMF de la rue de Tolbiac actant la mobilisation du 1er février.

A l’université du Mirail, à Toulouse, le fond de l’air était déjà rouge depuis quelques temps. Voilà déjà plusieurs semaines qu’une centaine de personnels administratifs sont mobilisés contre la fusion universitaire et celle des services. Le 25 janvier une Assemblée Générale, a réuni 500 personnes sur le thème de la fusion et de la sélection. Puis 800 mardi, comprenant dans leurs rangs des personnels administratifs mais aussi des enseignants et des étudiants pour préparer la journée de grève et de mobilisation du 1er février.

Comme au Mirail et à Paris 1, à Aix-Marseille, Lille, Pau, Strasbourg, Amiens, Poitiers, Paris 8-Saint-Denis et Nanterre, des motions contre la sélection et pour la mobilisation le 1er février ont été votées lors d’Assemblées générales. Une première date de mobilisation qui devrait donner la température pour les journées à venir.

Réformes des lycées et du bac : se mobiliser le 1er et le 6 février !

Si dans les universités, l’heure est à l’unité syndicale, du côté du secondaire, celle-ci s’avère plus difficile. Bien présent lors des assemblées générales de Coordination Nationale de l’Education, revendiquant le caractère systémique de la réforme du bac et de la sélection à l’université, le SNES, contrairement à SUD Education, n’a pourtant pas souhaité se joindre à l’appel de la Coordination Nationale. Et si le syndicat appelle à se mobiliser le 1er février, c’est surtout pour le 6 février que le SNES appelle à faire grève et prépare la contestation de la réforme du lycée et du baccalauréat. Le 7 février, en revanche, ce sont les enseignants de collèges qui sont invités par le SNES à se mobiliser contre les Dotations Horaires Globales (les moyens annuels alloués aux établissements). Trois dates alors que les attaques peuvent se résumer à une seule logique : matraquer les jeunes, les personnels et les enseignants ? Autant de dates qui fragilisent et divisent les mobilisations….

Pourtant, localement, le 1er février apparaît bien comme une échéance de mobilisation qui fait la jonction entre la sélection et la réforme du baccalauréat. C’est le cas à Strasbourg, mais aussi dans l’Académie de Créteil où la date du 1er février a été appelée sur des bases unitaires. En dépit des freins qui sont posés, les initiatives abondent pour construire l’unité de la mobilisation entre le secteur de l’éducation du supérieur et du secondaire, des étudiants et des lycéens, et se doter des moyens de prolonger et de gagner la mobilisation. C’est le cas à l’Université de Marne-la Vallée qui organise le lundi 5 février de 17h à 19h, une assemblée générale ouverte aux établissements du secondaire et du supérieur, par exemple.

En faisant vite et « en même temps », le gouvernement pourrait bien voir le vent tourner. Partout, il faut multiplier ce genre d’initiatives unitaires en construisant des Assemblées Générales communes aux différents établissements de l’éducation, université, lycée, et collèges et imposer à nos organisations que si les attaques proviennent d’un seul et même gouvernement, alors elles doivent être cohérentes et proposer un calendrier de mobilisations unifié, dans la durée, et non fragmenté. La réussite de la mobilisation du 1er février et la participation aux AG du soir, prévues dans plusieurs villes, va donner la température des journées de mobilisation à venir.

[Crédits : RP]

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Mis à jour le samedi 13 avril 2024