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Combattre le racisme d’État

C’était un survivant. Il avait survécu à la Libye. Il avait survécu à la Méditerranée. Il avait survécu au passage de la frontière. Il s’appelait Karim. Il était Soudanais. Il est mort ce jeudi 8 mars, dans la rue, à Paris, porte de la Chapelle, à deux pas du centre dit « centre humanitaire d’accueil pour migrants ». À deux pas aussi d’immeubles vides appartenant à la mairie, à la région ou à l’État. Ahmed explique que ses amis sont allés voir les policiers pour prévenir qu’il allait mal. Mais ceux-ci ont attendu 3 heures pour intervenir. Karim était mort.

Macron avait dit qu’en décembre il n’y aurait plus personne à la rue. Nous sommes en mars et Karim est mort. Rien de fatal là-dedans, rien de « naturel ». Seulement le produit de choix politiques qui tuent. En Méditerranée, dans l’archipel des Comores, à Vintimille, à Calais comme à Paris.

Et, qu’il s’agisse des migrantEs ou des jeunes tués par la police dans nos quartiers, ces morts sont la manifestation la plus dramatique de toute une chaîne de discours, de lois et de dispositifs qui font système, des frontières hérissées de multiples dispositifs policiers aux morts en mer, des contrôles au faciès légitimés par la législation anti-migrantEs au harcèlement policier des Noirs et des Arabes dans les quartiers, des centres d’hébergement transformés en lieux d’assignation à résidence avant expulsion à la vie à la rue en plein hiver, des discours sur la non-intégrabilité de l’islam aux « valeurs françaises » à l’exclusion de jeunes filles de l’école.

Déconstruire et détruire le racisme

C’est la raison pour laquelle nous parlons de racisme d’État. Parce que si le racisme est construit alors il peut être déconstruit. Si le racisme est produit il peut être détruit.

Pour être détruit il doit être attaqué là où il est produit, en s’attaquant aux lois et dispositifs.

Il n’y a qu’en ouvrant les frontières qu’on arrêtera les morts en Méditerranée. Faut-il une autre raison d’imposer la liberté de circulation ? Il n’y a qu’en accordant le droit d’installation à touTEs les étrangerEs qu’on pourra totalement délégitimer les contrôles au faciès, la surexploitation des travailleurEs sans-papiers, les descentes de flics dans les foyers. Faut-il une autre raison d’imposer la régularisation de tous les sans-papiers ? Il n’y a qu’en empêchant la présence militaire française en Afrique et ailleurs et en abolissant les traités uniques qu’on affaiblira l’emprise de la France sur les pays du sud et les misères qu’elle crée. Faut-il une autre raison de lutter contre l’impérialisme ?

Le racisme n’est pas uniquement fait de lois et de dispositifs. Il est aussi une idéologie et des discours. Mais ces discours et cette idéologie servent à légitimer ces lois et ces dispositifs racistes parce qu’ils doivent légitimer les discriminations sur la base de l’origine, la religion, la nationalité, réelles ou supposées.

Ne pas s’arrêter le 17 mars

Sans lutte résolue contre ces lois et ces dispositifs, le racisme se développe et gangrène toute la société, et les discours qui sont à la base du racisme deviennent des lieux communs. Ainsi l’idée qu’« on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Le magazine Challenges vient pourtant de publier une étude montrant que le produit intérieur brut de la France a doublé en 20 ans. Et, dans le même temps la fortune des 500 plus riches en France a été multipliée par 7 !

Et les responsables politiques s’appuient sur ces lieux communs pour inverser les choses : c’est la pression de l’opinion qui les pousserait à adopter lois et dispositifs racistes et sécuritaires…

Début avril le nouveau projet de loi asile-immigration sera présenté à l’Assemblée. Ce projet de loi est un cran supplémentaire dans la législation raciste et anti-­étrangerEs en France. Il est aussi un cran supplémentaire dans une logique sécuritaire et liberticide contre l’ensemble de la société, s’ajoutant aux législations d’exception qui s’empilent.

La marche des solidarités ne doit pas s’arrêter le 17 mars. Elle doit permettre de construire un mouvement pour imposer le retrait de ce projet de loi. Il ne s’agit pas de l’amender ou de limiter sa gravité. Imposer son retrait c’est construire la force qui remettra en cause toute la logique sur laquelle il s’appuie, c’est construire un mouvement contre le racisme d’État pour combattre toutes les lois et dispositifs racistes et sécuritaires. C’est construire un mouvement capable de déraciner les discours et l’idéologie qui les légitiment. Un mouvement capable d’unir notre classe dans une même colère contre ceux qui « sèment la misère ».

Denis Godard

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Mis à jour le samedi 13 avril 2024