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Martinez chez Philippe : Se préparer au combat ou faire « revoir » à Macron son calendrier ?

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À la veille de la présentation du projet de réforme ferroviaire, le secrétaire confédéral de la CGT a été reçu, à sa demande, par le premier ministre pour présenter ses « contre-propositions ». Sans surprise côté gouvernement, Philippe en a profité pour réafficher sa détermination à défaire les cheminots. De l’autre, pourtant, Martinez a reproché à l’exécutif de ne pas « revoir » … son calendrier !

Damien Bernard
Habituellement, dans toute bataille, chacune des armées jauge l’ennemi, préparant ses armes pour le combat. Dans notre cas, avec une certaine analogie, il s’agit d’une guerre de classe ou l’on retrouve dans le camp adverse, Macron au service du patronat, et de l’autre les cheminots, l’un des secteurs les plus organisés du mouvement ouvrier. Avec cette bataille du rail, l’objectif du camp d’en face est d’infliger une importante défaite à ce secteur-clé, pour ouvrir un boulevard afin de lancer un nouveau train d’attaques.

Mais l’on se retrouve dans un paradoxe. Alors qu’il s’agirait de se préparer à un combat dur que Macron, toujours déterminé, appelle de ses propres vœux, Martinez, secrétaire confédéral de la CGT, ne cesse de faire des appels à une véritable concertation. « Sans surprise le Premier ministre considère notre projet légitime (...) mais il considère qu’il n’a pas à changer sa méthode, c’est-à-dire qu’on discute d’un côté et qu’on avance de l’autre », a-t-il regretté, sous-entendant ainsi qu’il s’agirait de négocier.

Pourtant, comme nous l’avions affirmé avant la rencontre, cette stratégie de la concertation « désarme le monde du travail plus qu’elle ne l’arme » tout en permettant « au gouvernement de légitimer sa posture d’un gouvernement à l’écoute, ouvert à la discussion avec les ‘partenaires sociaux’ ». En un certain sens, c’est ce qu’expriment les déclarations d’Edouard Philippe : « il y a aussi je crois une volonté de dialoguer en tout cas c’est ce que j’ai essayé d’expliquer à mes interlocuteurs ».

Mais plus encore, Philippe Martinez est allé encore plus loin dans la négociation, affirmant ainsi que « s’il y a un conflit, il sera de la responsabilité totale du gouvernement par son refus de revoir ses positions, en tout cas de revoir l’échéancier qu’il s’est fixé et sur lequel il ne veut pas bouger ». En un certain sens, Martinez sous-entend-t-il qu’un conflit pourrait être évité si Macron revoyait son calendrier pour entrer dans de véritables concertations ?

Non, il ne s’agit pas pour Martinez de « réorienter les décisions du gouvernement », ni de négocier quelconque miette ou « échéancier ». Face à ceux d’en face qui veulent notre peau, bien déterminés à effacer le spectre des grandes grèves de 95, il s’agit d’opposer un plan de bataille sérieux, en ne semant aucune illusion sur le camp d’en face, cela d’autant plus qu’il n’y a aucun doute sur ses intentions comme en témoigne la loi Travail qui n’a fait qu’encourager les licenciements en les facilitant.

Si Macron tente d’isoler les cheminots, en les faisant passer pour des « privilégiés », c’est bien qu’il est conscient que les cheminots ne pourront l’emporter seuls et isolés. Une victoire des cheminots ne peut être obtenue sans un « tous et toutes ensemble » de la jeunesse, des fonctionnaires, des travailleurs du privé. Ainsi, ce 22 mars pourrait commencer à créer les jonctions nécessaires avec la mobilisation actuelle dans les universités contre la Loi Vidal, avec les fonctionnaires contre les mauvais coups de Macron, sur la journée de carence, le gel du point d’indice et les réformes dans l’Education.

Pour que la journée du 22 soit un départ général, il faut qu’elle sonne comme la possibilité d’un début de convergence entre différents secteurs attaqués. Et ce n’est pas à Matignon et au travers de concertations que l’on fera reculer Macron mais en construisant le 22 pour préparer la suite, une grève dure reconductible des cheminots et avec les cheminots, c’est-à-dire pas une grève par procuration en soutien aux travailleurs et aux travailleuses du rail. Face à la détermination de Macron et consorts, c’est la seule façon de construire le rapport de force à même de gagner cette bataille et faire reculer le camp d’en face !

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Mis à jour le dimanche 24 mars 2024