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Après le 22 mars, engager l’épreuve de force contre le gouvernement

Différents secteurs se mettent en mouvement, dans la fonction publique principalement, mais aussi dans le privé. Le gouvernement Macron, par l’intermédiaire de Bruno Le Maire, a beau prétendre « nous tiendrons », la confrontation ne sera pas sans risque pour lui.

Il faut dire qu’il y a bien longtemps que toutes les branches des services publics n’avaient pas été attaquées avec une telle violence. La remise en cause du statut est une attaque décisive contre un ensemble d’acquis sociaux. Elle touche tout le monde, de la SNCF aux fonctionnaires par le biais de CAP 2022, avec entre autres le cas particulier de l’enseignement à travers une nouvelle réforme de la formation. Les suppressions de postes dégradent les services publics autant que les conditions de travail et contribuent à l’augmentation du chômage… dans une période d’attaques contre ­l’assurance chômage.

Dans le privé, des branches entières peuvent s’identifier aux victimes de ces attaques. Là où la loi travail se met en place, là où les patrons engagent des plans de suppressions de postes et des fermetures d’entreprises : à Ford où travaille notre camarade Philippe Poutou, PSA, Carrefour, Pimkie, Pages jaunes et tant d’autres.

À mi-chemin entre public et privé, les salariéEs des Ehpad et des hôpitaux se mobilisent pour des moyens, et les salariéEs d’Air France pour des augmentations de salaires, dans le contexte des négociations annuelles obligatoires.

Avec l’espoir d’une jonction.

Une bataille clé dans une guerre en cours

Le gouvernement souhaite une confrontation globale, afin de nous infliger une défaite d’ampleur qui lui permette de passer une fin de quinquennat sereine et notamment de mettre en œuvre une nouvelle réforme des retraites.

La période actuelle est bien différente de celle où Thatcher attaqua les mineurs en 1984-1985. Il ne s’agit pas aujourd’hui de la fermeture d’un secteur professionnel, mais d’une tentative de réduction drastique de ses droits et de son rapport de forces. Quelle que soit l’issue du conflit, les trains continueront à rouler, les hôpitaux à déborder de patientEs.

L’issue du combat en cours ne détermine pas la survie du mouvement ouvrier, mais les conditions de son intervention dans les batailles suivantes de la lutte des classes. En 1968, le ras-le-bol d’une société ultra-encadrée s’est transformé en révolte générale, dépassant les capacités de contrôle des appareils staliniens et gaullistes. Un tel moment surviendra de nouveau, tôt ou tard, et l’issue de la bataille actuelle influencera cet événement, la confiance des travailleurEs dans leur force collective et leur conscience politique. C’est pour gagner, maintenant comme plus tard, que nous voulons une grève de masse, dans laquelle les salariéEs se rencontrent, construisent des solidarités ; une grève unitaire qui réduise les sectarismes ; une grève politique qui génère des éléments d’alternative au capitalisme. Une victoire serait une inversion de la trajectoire actuelle de la lutte des classes, qui est jusqu’à présent une succession de défaites plus ou moins lourdes depuis dix ans.

Faire de la politique pour construire et gagner l’épreuve de force

La mobilisation en cours est pleine de contradictions. La grève à la SNCF se prépare, dans les discours syndicaux, comme une bataille dure… mais l’intersyndicale ne prépare qu’une grève perlée. Les salariéEs expriment leur colère… mais sont encore loin de pouvoir déborder les appareils. La convergence des luttes semble accessible, avec la santé, Air France, l’éducation… mais les perspectives concrètes de mobilisations communes sont quasi inexistantes. Un appel des organisations politiques en soutien à la grève a été réalisé à l’initiative du NPA… mais on est encore loin de la mise en place d’une campagne politique unitaire nationale pour la construction et le soutien aux grèves.

À la réunion unitaire préparant cet appel, nos camarades de Lutte ouvrière ont quitté la réunion au bout de dix minutes car, en substance, « les travailleurEs n’ont pas besoin du soutien des partis politiques pour lutter ». C’est mal comprendre comment franchir les étapes dans un mouvement de masse. Nous bataillons pour des dates de mobilisations communes aux différents secteurs, pour la reconduction de la grève dans les secteurs où elle peut être massive, mais la question décisive pour la construction d’un mouvement d’ensemble reste la compréhension que les travailleurEs mènent un combat commun pour un nivellement par le haut des statuts, pour les services publics, contre les suppressions de postes, pour le partage du temps de travail et contre le gouvernement. En résumé, la constitution du prolétariat en classe qui mène un combat politique contre le gouvernement. Les discussions dans les AG, les manifestations, les tournées de services se combinent avec la confrontation politique des partis, des syndicats, etc. Un processus auquel le NPA tente, et continuera de tenter, de prendre toute sa part.

Antoine Larrache

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Mis à jour le dimanche 24 mars 2024