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Marche en Amérique centrale : laissez-les entrer !

Crédit Photo : DR.

Les 8000 pauvres marchant à travers les États d’Amérique Centrale vers les États-Unis sont un indice supplémentaire des contradictions sociales qui explosent depuis la crise de 2008. Les marcheurEs, qui avancent ensemble afin d’échapper aux gangs et aux trafiquants d’être humains, sont originaires principalement du Honduras, pays exploité et ravagé par l’impérialisme US. Laissez-les rentrer !

Les marcheurEs souhaitent échapper à une vie de pauvreté qui est produite par la domination des États-Unis et des firmes multinationales sur leurs pays respectifs. Les masses de la région sont surexploitées, et au côté des firmes les oligarques se taillent la part du lion. Il s’agit d’une région riche dont la population, si l’on y inclut le Mexique, équivaut à la France et à l’Allemagne combinées. Cette opération d’exploitation a pour corollaire la crise fiscale permanente produite par le pillage direct des caisses de l’État (la femme de l’ancien président du Honduras a été accusée d’avoir ponctionné 40 millions de dollars de la caisse de sécurité sociale) et l’absence d’un système de taxation moderne qui est nécessaire à tout système de sécurité sociale viable.

Alors que les États d’Amérique centrale recevaient leur part d’investissement direct étranger avant 2008, avec la crise ceux-ci ont chuté de 30%, créant une fuite des capitaux. Cela a signifié l’augmentation du chômage pour les jeunes, qui sont aisément tenté par une vie de crime dans les gangs, où l’argent est facile et la vie est courte. La majorité des marcheurEs sont des jeunes qui fuient les menaces de violence des gangs et la pauvreté. De plus, la contraction du marché de l’emploi américain a eu pour effet de créer des emplois mal payés dans les services, notamment le travail agricole et la emplois domestiques, qui emploient à 80% des immigréEs sans papiers.

Coup d’État au Honduras

Au delà de toutes ces causes générales, il faut se pencher sur les causes spécifiques au Honduras, à savoir la répression de la jeunesse par le gouvernement néo-libéral du pays depuis l’élection de décembre 2017. Cette élection, que même l’organisation des États américains (OEA), fidèle valet de l’impérialisme US, a considéré comme frauduleuse, a été volée, au grand jour, par l’oligarque Juan Orlando Hernandez (JOH). Le candidat du Front populaire était en tête quand le tribunal électoral a prétexté un problème informatique pour interrompre le comptage. Quand le comptage a recommencé, l’avance du candidat du Front populaire a diminué et JOH a été réélu…

La classe ouvrière du Honduras s’est soulevée contre cette fraude. Dans les quartiers pauvres et notamment le Nord du pays, ce soulèvement a pris un caractère semi-insurrectionnel. Des barricades ont été érigées et la police a été chassée des quartiers. La police spéciale anti-émeutes, les Tigres, a plusieurs fois refusé de réprimer le mouvement des masses et a déclaré sa neutralité. Cependant la force du mouvement a progressivement baissé, notamment en raison de la politique suiviste de la gauche face à l’électoralisme de la direction bourgeoise du Front populaire. Le gouvernement a eu également recours à une terrible répression : assassinats ciblés de leaders du mouvement, particulièrement les activistes indigènes et les syndicalistes, tabassages, emprisonnements arbitraires et licenciements.

Ouvrir les frontières

Aux États-Unis, Trump mobilise ses troupes avec une rhétorique anti-immigréEs, et annonce le déploiement de milliers de militaires à la frontière avec le Mexique. Les Démocrates ne le combattent que mollement, eux qui furent responsables du coup d’État de 2009 au Honduras, alors supervisé par Hillary Clinton.

La première revendication des mouvements révolutionnaires est celle de l’ouverture des frontières : aucun être humain n’est illégal. La seconde étape serait de mobiliser les latinos habitant dans les États frontaliers du Mexique : Californie, Arizona, Texas. La majorité des CalifornienEs ont des origines latinos. Un chant entendu dans les rues de San José (Costa Rica) pendant la grève générale disait ceci : « Une blessure à un est une blessure pour tous ! Ouvrez les frontières ! Détruisez le mur ! »

Elena Zeledon (Costa Rica) et Stan Miller

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Mis à jour le dimanche 21 avril 2024