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TOUT DIRE SUR LE CAMP DU VERNET D’ARIÈGE.

L’édition ariégeoise de « La Dépêche du Midi » a eu la bonne initiative d’évoquer le camp du Vernet en ce 80 eme anniversaire, mais on peut noter des insuffisances qui seront certainement corrigées par les articles suivants, car l’ambition est d’évoquer ce camp tous les samedis.

Un camp REconstruit, mais pas construit en 1939 :

En effet, le camp existe depuis 1918, prévu pour mettre au repos les « tirailleurs sénégalais » ( les troupes venues d’Afrique donc) après le front durant la 1re Guerre mondiale. Le projet sera abandonné et envisagé pour le passage de contingents français ou alliés. Ce ne sera pas effectif non plus, mais les bâtiments serviront pour entreposer du matériel militaire.
Une note de service du 8 février 1937 envisage l’utilisation de 20 baraques pour des étrangers... En mai 1937, le ministre de l’Intérieur Max Dormoy envoie une note aux préfets afin de prévoir des hébergements pour les Espagnols.
En 1939, c’est donc la réfection de l’existent et l’ajout d’autres baraques par les « hébergés » eux-mêmes pour 2 francs par jour ou des cigarettes.
Des entreprises locales de matériaux ou de denrées vont y trouver leur compte.

Accueil ou répression ?

Avec Hitler et Mussolini au pouvoir et d’autres dictatures en Europe centrale, les « exilé-e-s » sont nombreuses et nombreux et pensent être bien reçu-e-s dans la « patrie des Droits de l’homme » ...
Or, dès le 10 avril 1938, le gouvernement Daladier est constitué avec Albert Sarrault (1) comme ministre de l’Intérieur. Celui-ci prend des décrets-lois limitant l’accueil :
Dès la circulaire du 14 avril 1938 : « C’est pourquoi la France se dote progressivement d’un arsenal législatif pour défendre les intérêts des Français et par là même surveiller et réprimer les étrangers jugés » indésirables".
Le décret-loi du 2 mai 1938 : déclare la chasse aux étrangers clandestins en alourdissant les peines contre eux.
Le décret-loi du 14 mai 1938 : réduit la liberté de déplacement des travailleurs immigrés.
Le décret-loi du 17 juin 1938 : augmente le contrôle sanitaire à l’égard des travailleurs étrangers pour « une sage gestion de nos finances, la protection de la santé publique et la sauvegarde de notre race » ...
Le décret-loi du 13 août 1938 : donne plus de moyens financiers à la police des étrangers.
Le décret- loi du 12 novembre 1938 : rend possible sans procédure judiciaire, l’arrestation des étrangers « indésirables » non pour des délits ou crimes mais seulement s’ils sont suspectés de porter atteinte à l’ordre public ... Pour cela des centres spéciaux seront prévus dont le premier est Rieucros, en Lozère.

Albert Sarrault fera tout pour freiner l’arrivée des Espagnols en France. Prêt à accueillir 3000 enfants, sans plus. Au Perthus, le 1er février 1939, il déclare : « Cest simple, les femmes et les enfants on les reçoit, les blessés on les soigne ; les valides, on les renvoie » !
La pression humaine sera trop forte pour cela, mais les soldats de la République espagnole seront désarmés et reçus froidement alors que le 10 février 1939, le génaral français Fagalde vient recevoir avec les honneurs le général franquiste Solgacha.

Dans le camp, des anarchistes aussi :

« La Dépêche du Midi » évoque des communistes en nombre dans le camp, mais c’est surtout des anarchistes car le gros des miliciens qui arrive est constitué par la colonne Durruti ( du nom du dirigeant CNT- FAI mort durant le conflit) avec 9000 hommes, si l’on en croit « La Dépêche » du 6 mars 1939.

Une honte encore ... les accords « Berard-Jordana » :

Du nom d’un député catholique conservateur des Pyrénées-Atlantiques ( Basses- Pyrénées à l’époque) et du général comte Jordana, ministre des affaires étrangères du gouvernement franquiste.
En gros, la France restitue à Franco les biens de la République espagnole en exil contre le rapatriement de"réfugié-e-s ... Signature le 25 février 1939 avec restitution de 40 tonnes d’or espagnol, des trésors artistiques, des armes et des navires, l’envoi d’un ambassadeur français en Espagne. Le gouvernement franquiste ne s’engage à rien ... Le 27 février 1939, la France reconnaît officiellement le gouvernement sédicieux de Burgos ! Le gouvernement républicain en exil en France ne peut poursuivre d’activité politique ...

Comme l’avait écrit Charles Péguy « Nous ne devons pas faire une histoire jolie, mais une histoire historique ». Et c’est sûrement un moyen d’éviter de répéter les mêmes erreurs , l’actualité contemporaine nous prouve que ce n’est pas gagné.
Pour aller plus loin avec des intervenant-e-s de qualité, notez les conférences et initiatives de l’Amicale du Vernet.

http://www.npa-ariege.org/spip/spip.php?article2588

Jean-Charles Sutra.

(1) Albert Sarrault ( 1872-1962 ), gouverneur général d’Indochine, ministre des colonies, ministre de l’Intérieur, vote les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940, mais sera Président de l’Assemblée de l’Union Française de 1951 à 1958, peut-être pour sa présence en camp en Allemagne de 1944 à 1945 ...
Il est le frère de Maurice Sarrault, propriétaire de « La Dépêche », collaborationniste mais qui sera assassiné, non par la Résistance comme cela a été cru un moment, mais par la Milice ...

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Mis à jour le dimanche 24 mars 2024