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Pour un mois de mars de luttes : on lâche rien !

Crédit Photo : Photothèque rouge/Martin Noda.

Une fois de plus, la mobilisation a déjoué les pronostics et surtout les espoirs gouvernementaux d’extinction progressive du mouvement. Pour l’Acte XV, le ministère de Castaner a été obligé d’annoncer des chiffres en hausse par rapport à l’Acte XIV : 46 000 manifestantEs au lieu de 41 000.

Un sursaut qui entretient l’espoir

Ce sursaut est symptomatique de l’ancrage d’un mouvement qui s’exprime chaque samedi, mais aussi sur les ronds-points réoccupés après plusieurs évacuations, dans les assemblées et les initiatives multiformes : femmes Gilets jaunes, occupations d’agences de Pôle emploi avec des associations de privéEs d’emploi et des syndicalistes, soutien et participation à des mobilisations de salariéEs contre des licenciements, blocages d’entrepôts logistiques comme Amazon ou de plateformes comme celle de Rungis. Ces actions qui se renouvellent depuis plus de 3 mois créent un avant et un après dans la vie de centaines de milliers de femmes et d’hommes. Elles tissent aussi des liens, encore embryonnaires, mais porteurs d’espoirs, entre des salariéEs de boîtes sans tradition de lutte et des secteurs plus organisés mais parfois quelque peu démoralisés par les défaites subies et par la politique des directions syndicales. Elles tissent des liens entre des habitantEs des zones péri-urbaines et des quartiers populaires, qui ont payé le prix fort du démantèlement des services publics et de marginalisation sociale générée par les politiques de baisse du « coût du travail » (salaires tirés vers le bas, chômage). Le mouvement protéiforme et inédit des Gilets jaunes devient un agent actif de la crise politique d’un système qui perd de plus en plus de légitimité, au fur et à mesure que son incapacité à surmonter les effets dévastateurs du capitalisme crève les yeux au propre comme au figuré.

Une réponse politique aux attaques du gouvernement

Ce sursaut est d’autant plus significatif qu’il intervient à l’issue d’une semaine de déferlement de haine contre les Gilets jaunes. Aux violences policières, à la machine à réprimer judiciaire, s’est ajoutée une campagne d’instrumentalisation politicienne aux effets dévastateurs. L’utilisation de l’agression antisémite contre Finkielkraut pour présenter les Gilets jaunes comme un mouvement qui « libèrerait » la parole et les actes antisémites est une contre-vérité, car le développement des diverses formes d’antisémitisme des extrêmes droites n’a pas attendu le mouvement pour prospérer. Cette instrumentalisation peut au contraire contribuer à banaliser les agressions antisémites…

Les propos du secrétaire d’État Nunez, traitant les Gilets jaunes de « hordes de sauvages » qui s’attaquent à des policiers irréprochables pourraient être ridicules s’il n’y avait pas 2 000 blesséEs et des dizaines de mutiléEs. La réponse des manifestantEs de l’Acte XV s’est exprimée sur les chasubles et les pancartes « Ni raciste, ni antisémite, ni homophobe, toujours mobilisé » ou dans les slogans « Gilets jaunes antiracistes », déclinés avec la créativité d’un mouvement bien vivant. C’est une réponse sans équivoque à destination de la campagne gouvernementale et médiatique, mais aussi de ceux qui dans les rangs des Gilets jaunes peuvent relayer des thèses racistes, antisémites, sexistes et homophobes.

Pendant ce temps-là…

Macron a fanfaronné au Salon de l’Agriculture avec comme objectif politique et médiatique d’exploser son record de présence et de « contact sans filtre » avec « le peuple ».Un concentré de l’évolution d’un pouvoir personnel centré sur un individu narcissique, qui veut avoir le dernier mot quel que soit son interlocuteur ou interlocutrice et qui vampirise l’espace politique. Quand Macron va au contact des masses, c’est dans un Parc des expositions bunkerisé, entouré d’un service d’ordre pléthorique, bien loin des fermes dans lesquelles les agriculteurEs sombrent dans le désespoir. Quand Macron parle de l’Europe et de l’agriculture, s’est pour enfiler les phrases creuses, en ignorant les dénonciations des paysanEs obligéEs de s’endetter parce qu’ils et elles n’ont toujours pas touché les aides européennes pour passer à l’agriculture biologique. Quand il fait l’autopromotion de son « bilan », c’est en étant incapable de parler des effets de sa « loi Alimentation », qui a fait flamber les prix de centaines de produits de consommation courante et les profits de la grande distribution, puisqu’aucun moyen contraignant n’est prévu pour que Carrefour, Leclerc et leurs concurrents s’assurent de l’augmentation des prix d’achat aux producteurs.

Il est inévitable que cette hypercentralisation du pouvoir, cette autosatisfaction en contradiction totale avec la vie du monde réel, approfondissent une crise politique que la violence répressive ne pourra pas juguler. D’autant que les conditions objectives d’un « TouTEs ensemble » s’accumulent, entre les votes au Parlement et les projets annoncés : loi Blanquer sur « l’école de la confiance » qui prévoit entre autres de remplacer des enseignantEs par des étudiantEs payéEs 700 euros, ou qui impose d’augmenter le financement des écoles privées en parallèle du dépouillement du service public de l’éducation ; projet de loi santé qui remplace l’hôpital public par des « hôpitaux de proximité », proposition du Premier ministre d’imposer des contreparties aux allocations chômage pour lutter contre les « fainéants ». Sans parler de l’impuissance de ce gouvernement, qui déverse des milliards en cadeaux aux entreprises, à leur interdire de licencier et à fermer des entreprises comme Ford, Ascoval, ACC, les Fonderies du Poitou… La convergence des colères doit se construire autour de deux dates : l’Acte XVIII des Gilets jaunes le 16 mars, en réponse aux bilans du « Grand débat », et le 19 mars en construisant la grève.

Cathy Billard

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Mis à jour le dimanche 24 mars 2024