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Stopper la répression, étendre les mobilisations, converger contre Macron

Pour certains éditorialistes, ce devait être un « tournant » dans le quinquennat de Macron. Mais l’allocution télévisée du président n’a pas eu lieu, et ce sont les images de l’incendie de Notre-Dame qui ont, durant plusieurs heures, envahi les écrans. Certains ont cru bon, notamment du côté de la majorité, de vouloir décréter une « trêve » politique, au nom de « l’unité nationale ». Comme si toutes les occasions étaient bonnes pour gagner un peu de temps face à une contestation sociale protéiforme et inédite à laquelle on sait que le gouvernement, même si l’on ne connaît pas à l’heure où ces lignes sont écrites les mesures précises que Macron entendait annoncer, n’accordera au mieux que quelques miettes à la population, sans revenir sur son projet antisocial global.

L’acte 23 des Gilets jaunes, qui se déroulera le samedi 20 avril, correspondra au début du sixième mois d’un mouvement qui n’en finit pas de nous surprendre. L’acte 22, organisé le samedi 13, a en effet été de nouveau l’occasion d’une mobilisation de plusieurs dizaines de milliers de personnes à l’échelle nationale, avec des chiffres plus élevés, de l’aveu même du ministère de l’Intérieur, que la semaine précédente.

Le face-à-face se poursuit donc entre, d’une part, un gouvernement qui refuse de faire la moindre concession et qui a confirmé, le week-end dernier, sa politique du tout-répressif et, d’autre part, d’importantes fractions des classes populaires qui, depuis qu’elles ont fait irruption sur la scène sociale et politique à la mi-novembre, n’entendent pas renoncer à se faire entendre. Une situation sociale et politique inédite, avec un climat de contestation globale maintenu, une forte remise en cause de la légitimité du pouvoir, mais aussi des difficultés à faire des sauts quantitatifs et qualitatifs dans la mobilisation, et dès lors une macronie qui, bien que fragilisée, compte bien garder le cap de son offensive généralisée contre le monde du travail et les classes populaires.

Indécence de Macron et des siens

À bien des égards, la « séquence » Notre-Dame donne raison à celles et ceux qui s’insurgent contre le gouvernement Macron et sa politique au service des grandes entreprises et des grandes fortunes, mais aussi plus largement contre les dogmes ultra-libéraux et l’arrogance des riches. Il y avait ainsi quelque chose d’indécent à voir Macron rendre hommage aux centaines de pompiers mobilisés pour éteindre l’incendie de la cathédrale alors que l’on sait que son gouvernement, au nom des « économies » et de la nécessité de financer les « baisses d’impôts », organise une véritable saignée dans les services publics, y compris ceux qui permettent de sauver des vies, comme à l’hôpital. Indécence également devant la mise en scène de ces grandes fortunes, de Pinault à Arnault en passant par Bouygues, feignant la générosité alors qu’ils n’ont eu de cesse, ces dernières années, de bénéficier de toujours plus d’allègements fiscaux, que les dons qu’ils annoncent seront défiscalisés à hauteur de 60, 66, voire 90 %, et que ces centaines de millions qu’ils semblent trouver comme par magie ne sont jamais disponibles lorsqu’il s’agit d’augmenter les salaires ou tout simplement… de payer leurs impôts. Indécence enfin face à ces discours prônant « l’unité de la nation » ou évoquant la « douleur partagée » lorsqu’ils viennent des mêmes qui chaque semaine envoient leurs flics réprimer, blesser, mutiler, pour faire taire celles et ceux qui ont l’audace de manifester pour revendiquer des droits élémentaires.

L’heure est toujours à la lutte

On peut être resté insensible devant les images de l’incendie de Notre-Dame, ou avoir au contraire éprouvé de fortes émotions en assistant à la destruction de ce monument historique. Mais les fallacieux appels à l’unité, les hypocrites déclarations d’amour pour les services publics ou la vraie-fausse générosité des rapaces du CAC 40 constituent autant d’éléments qui ne peuvent que collectivement nous révolter. A fortiori lorsque l’on sait que les destructions que peut subir le patrimoine historique, soudain présenté par les gouvernants comme « notre bien le plus précieux », résultent dans la plupart des cas de choix politiques calamiteux et de coupes budgétaires servant à transférer toujours plus d’argent aux plus riches.

N’en déplaise à Macron, le temps n’a pas été suspendu par l’incendie de Notre-Dame, et son attitude comme celle de ses amis milliardaires ne peut que nous encourager à poursuivre une lutte déterminée contre ses politiques. Et ce ne sont pas les quelques informations qui ont opportunément fuité le lendemain de l’incendie qui pourront éteindre la colère, du prétendu « moratoire » sur les fermetures d’écoles et d’hôpitaux alors que ce sont des dizaines, voire des centaines de milliers d’emplois qu’il faudrait créer dans les services publics, à la « baisse des impôts des classes moyennes », quand ce sont des augmentations de salaires, le rétablissement et l’augmentation des impôts pour les plus riches, ou encore la suppression des taxes pour les plus pauvres qui sont revendiqués.

Pour en finir avec les politiques au service du CAC 40, pour la justice sociale et climatique, contre l’arrogance, le mépris et la répression, la lutte continue. Les actes 23 et 24 des Gilets jaunes, la journée du 1er Mai et la grève du 9 mai, sont autant d’étapes dans la construction de l’élargissement, des convergences, vers le nécessaire mouvement d’ensemble et de grèves qui, seul, pourra faire réellement reculer Macron.

Julien Salingue

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Mis à jour le dimanche 21 avril 2024