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Débat Loiseau-Bardella sur BFM : deux visions pour une même Europe capitaliste et xénophobe

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« Shopping de l’asile » VS « Frontex hôtesse d’accueil de l’immigration »
Débat Loiseau-Bardella sur BFM : deux visions pour une même Europe capitaliste et xénophobe

3e tour de la présidentielle de 2017 ? « Non » répond Nathalie Loiseau, « 1er élection du quinquennat » pour Jordan Bardella. Il en a tout intérêt. Face à Loiseau pour la LREM, le candidat du RN voudrait prétendre au poste de 1er opposant à Macron en adoptant une posture « sociale ». De ce côté là, pure posture et aucune réelle proposition. Pour le reste, c’est une déclinaison de l’Europe actuelle, plus répressive et xénophobe, que Bardella propose face auquel Loiseau joue dans la surenchère.

Yano Lesage
Sur le plateau de BFM, ce mercredi soir, les meneurs des deux listes arrivant en tête des sondages débattent. Mais, on comprend vite que l’opposition entre Nathalie Loiseau, tête de liste pour la République en Marche, et Jordan Bardella, pour le Rassemblement National, tient davantage de la posture et de la mise en scène que d’une différence de camp.

Loiseau VS Bardella : une opposition de façade

Dans la posture du « progressisme, de l’ouverture », Nathalie Loiseau. La même qui, ministre des affaires Européennes et en défense de la loi Asile et Immigration lors d’une prise de parole à l’Assemblée, avait décrié le « shopping de l’asile » pratiqué par les réfugiés en Europe. Celle aussi qui, dont Médiapart a révélé les accointances avec le GUD, groupuscule d’extrême-droite dont elle avait partagé la candidature sur une liste d’élections étudiantes à Sciences Po. Pas terrible pour celle supposée incarner la « digue » face à l’extrême-droite.

En face, le masque de la « défense du peuple » incarné par Jordan Bardella pour le Rassemblement National. Ce dernier n’en est pas à une contradiction près : bien conscient que la revendication de la sortie de l’euro a valu en 2017 plusieurs voix à Marine Le Pen, Bardella s’en remet à sa volonté d’une « Europe des Nations et de la coopération ». Quoi de bien différent de l’Europe actuelle qui est principalement dirigée par le Conseil Européen (réunion des chefs d’Etat) et par la Commission Européenne dont les commissaires sont désignés par les gouvernements nationaux, on se le demande. Mais peu importe. Critiquer l’arrivée des « travailleurs d’Europe de l’Est, […] des polonais, […] des roumains », tout en revendiquant les politiques xénophobes et ultra-libérales d’un Viktor Orban en Hongrie ou d’un Salvini en Italie, voilà de quoi Bardella est aussi capable. Encore une contradiction pour celui qui souhaite incarner la critique de l’Europe libérale !

Dans cette comédie, chacun trouve son compte, on le sait bien. Autant du côté du Rassemblement National qui sur-joue la carte populiste, sans rien avancer des revendications de la contestation sociale actuelle des Gilets Jaunes, que de celui de LREM, qui veut s’arroger le rôle de l’ouverture des frontières (pour les marchandises).

Le tout sonne faux. Les options politiques avancées par Loiseau et Bardella sont très perméables.

Pour les deux : une même Europe anti-sociale

Pour aborder le thème du « quotidien », Ruth Elkrief annonce les propositions du camp LREM en faveur d’un Smic européen. Magnifique sur le papier s’il n’était question de le fixer à 50% du revenu médian. « Cela donnerait 800 euros en France » rétorque Bardella très justement… soit en dessous du Smic actuel. Etonnement (ou pas vraiment), ce dernier ne pousse pas la contestation plus loin : nulle trace de proposition en faveur d’une augmentation du Smic en France et en Europe du côté de Jordan Bardella. Fidèle aux origines ultralibérales du Front National, le Rassemblement National ne s’est jamais positionné en faveur d’une augmentation du salaire minimum, pourtant au cœur des revendications du « peuple » gilet jaune, qui « prendrait à la gorge » le « peuple » des patrons français, petits ou gros.

Là où Bardella s’agite le plus, c’est sur la question des travailleurs détachés. Les propositions de LREM proposent un « alignement sur les cotisations sociales les plus élevées ». Une douce rigolade quand on sait qu’avec la loi Pacte, véritable cadeau fiscal aux entreprises, elles n’ont cessé de baisser, et avec elles le financement de la sécurité sociale. Encore une fois, Bardella s’insurge contre la « concurrence déloyale » que feraient les travailleurs européens aux travailleurs français, sans plus d’égard pour le sort des travailleurs européens, que pour celui des travailleurs français que cette directive permet de rémunérer moins, à l’avantage du patron européen comme du patron français.

De même lorsqu’il s’agit des entreprises, s’il fustige « l’ouverture du marché » français, il oublie de préciser que des entreprises bien françaises comme Vinci, Bolloré, Bouygues, profitent aussi bien des privatisations que prône l’Union Européenne, partout en Europe et en France, sur fond d’un détricotage généralisé des services publics.

En somme Bardella défend, tout comme Loiseau, le sort du patronat. Pas un mot sur l’ouverture à la concurrence des services publics qui cause le trouble à la SNCF, ni sur la question d’un alignement des salaires par le haut, au niveau européen, véritable moyen de neutraliser le dumping social et fiscal que réalise le patronat européen sur le dos des travailleurs de l’Union Européenne, de l’Est comme de l’Ouest.

Xénophobie : variation sur un même thème

Sur le thème de l’immigration, le brio xénophobe est du côté des deux candidats : « Frontex est une hôtesse d’accueil pour migrants » a taclé Jordan Bardella. Une « punchline » du même acabit que celle sur le « shopping de l’Asile », sortie lors du passage de la loi Asile et Immigration à l’Assemblée, de Nathalie Loiseau. Quand Jordan Bardella en vient à revendiquer les mots de Christophe Castaner sur les bateaux des ONG « complices des passeurs en Méditerranée », la confusion est presque totale.

Bardella voudrait augmenter les reconduites ? LREM l’a déjà fait. Nathalie Loiseau revendique « Frontex » et ses « 350 vols de reconduite à la frontière par an ». « Soit un par jour » aime-t-elle à préciser. « Nous proposons d’accélérer ces reconduites […] pour faire beaucoup plus ».

Bardella souhaiterait « conditionner les aides au développement à une politique de restriction migratoire » ? Du déjà fait, en particulier en Libye, où la France aide à financer les camps de rétention où s’effectue la traite et l’esclavage de migrants révélée par la BBC.

Sur la politique migratoire, le RN est mouché. Loiseau joue la surenchère xénophobe décomplexée… Le jeu de l’épouvantail du RN ne tient plus tant les propositions sont proches sur ce thème : Loiseau affiche un profil clairement répressif qui s’inspire largement des propositions du Front National. Pour le reste, et du côté des deux candidats, aucune véritable proposition sociale qui puisse dialoguer avec les véritables revendications des travailleurs, quelles que soient leurs origines, qu’ils soient français, européens, ou venant de l’autre côté de la Méditerranée.

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Mis à jour le dimanche 24 mars 2024