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Un aperçu de la sombre et véritable histoire du Front National

Le 5 octobre 1972, dans la salle des Horticulteurs à Paris, le Front national (FN) voit le jour.

Six hommes pas tout à fait ordinaires

Le premier bureau politique est composé de six membres.

Jean-Marie Le Pen, président

Jean-Marie Le Pen avait participé à l’aventure antirépublicaine et anti-fiscale de Pierre Poujade et il avait été élu député en 1956. Il avait également participé à la Guerre d’Algérie (1954-1962) pendant laquelle il avait pu exprimer toutes ses qualités de tortionnaire.

François Brigneau, vice-président

François Brigneau est un ancien membre de la Milice pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). Créée en 1943, la Milice était l’organisation paramilitaire du gouvernement de Vichy pour lutter contre la résistance et pour traquer les juifs présents sur le sol français.

Alain Robert, secrétaire général

Alain Robert est le fondateur du Groupe Union Défense (GUD) en 1968, une organisation étudiante ouvertement fasciste et violente qui a pour objectif de « nettoyer » les universités en chassant les communistes et les étrangers.

Roger Holeindre, secrétaire général adjoint

Roger Holeindre est un ancien membre de l’Organisation Armée Secrète (OAS), organisation terroriste et criminelle qui sévissait pendant la Guerre d’Algérie afin que l’Algérie reste, à tout prix, sous domination coloniale française.

Pierre Bousquet, trésorier

Pierre Bousquet est un ancien caporal de la division SS Charlemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a fait partie des 300 Français qui ont combattu l’armée rouge à Berlin en avril 1945 pour protéger le bunker d’Hitler.

Pierre Durand, trésorier adjoint

Enfin, Pierre Durand est un monarchiste et catholique traditionaliste dans la pure tradition contre-révolutionnaire.

Le « front », une stratégie de renouveau du fascisme

Au-delà du parcours de ces hommes, il est important d’étudier les raisons de la naissance du FN. Il est une création de l’organisation fasciste Ordre Nouveau (ON) dont Brigneau et Robert étaient des dirigeants. Née en 1969, ON appelait au « grand nettoyage » pour que la « France revienne aux Français ». Au début des années 1970, ON adopte une stratégie pour sortir l’extrême-droite française de la marginalité qui dure depuis la chute du régime de Vichy en 1944 et pour permettre, à moyen terme, l’instauration d’un régime fasciste en France. Cette stratégie est celle d’un « front » qui rassemblerait toutes les familles d’extrême-droite françaises. Le chef d’orchestre de cette stratégie est François Duprat, un des dirigeants d’ON. Ancien chef de la section de l’OAS à Toulouse, il est passionné par l’histoire du fascisme. Il est l’auteur d’une Histoire des SS dans laquelle il remet en cause l’existence des chambres à gaz. Il porte le projet du front en s’inspirant du Mouvement Social Italien (MSI).

Né en 1946, afin de faire vivre la tradition fasciste en Italie, le MSI choisit la stratégie du front à la fin des années 1960. Le FN va lui emprunter son emblème, la flamme tricolore, symbole de l’immortalité de Mussolini. À ce sujet, les références au fascisme des années 1920-1930 sont présentes au sein de ces fronts mais toujours de façon implicites.

En effet, la stratégie du front n’est pas seulement l’union des nationalistes, elle est également une entreprise de « respectabilisation » selon le mot de François Duprat. Afin de gagner le peuple, il est impossible d’assumer publiquement une filiation avec les régimes fascistes du passé. Ainsi, le front est une stratégie globale de renouveau du fascisme qui consiste à réunir tous les « patriotes » en adoucissant les discours tout en garantissant les principes fondamentaux et en maintenant une direction éclairée consciente de l’objectif final. En s’appuyant sur une forte mobilisation populaire nationaliste et raciste, le front doit accéder au pouvoir via les élections. Hitler avait montré la voie, le 30 janvier 1933, en étant nommé chancelier de la République allemande suite à la victoire électorale des nazis.

De la marginalité à la percée du FN

Lors des dix premières années de son existence, le poids du FN est marginal. En 1978, aux élections législatives, il enregistre un score de 1,6 % avec pour slogan « un million de chômeurs, c’est un million d’immigrés en trop ». Pendant ces années, Jean-Marie Le Pen, l’orateur et le fin politicien, prend le contrôle du parti et s’affirme comme le chef unique et fantasmé. C’est en 1983 que le FN prend son envol, lors des élections municipales. Le parti va profiter d’un contexte de crise (ralentissement de l’économie, montée du chômage) et de l’incapacité de la gauche au pouvoir à régler cette crise. Jean-Pierre Stirbois, candidat FN, devient adjoint au maire à Dreux dans le cadre d’un accord avec la droite.

Aux élections européennes de 1984, le FN remporte 11 % des voix. En 1986, pour les élections législatives, grâce à la proportionnelle, 35 députés frontistes rentrent à l’Assemblée Nationale. Lors des élections présidentielles de 1988 et de 1995, le FN réalise des scores de 14 % et 15 %. En parallèle, au sein de l’extrême-droite, le parti est devenu hégémonique. Le Pen se permet de temps en temps quelques petites sorties comme en 1987

les chambres à gaz, point de détail

en 1988

Durafour crématoire

ou en 1996

l’inégalité des races.

Ces phrases ne sont en aucun cas des dérapages, elles permettent de rassurer le noyau dur du FN, elles sont un message envoyé par le chef pour dire que l’objectif final reste le même.

Le tournant social et la poursuite du projet de « respectabilisation »

En 1995, le parti prend un tournant social et abandonne son programme ultra-libéral. Dans un contexte de morosité économique qui perdure, il se déclare le « parti des travailleurs ». Son slogan devient « Ni droite Ni gauche. Français ! » en s’inspirant du « Ni droite ni gauche » de Mussolini et de la propagande nationale-socialiste des nazis.

L’objectif est de capter l’électorat populaire « de souche » et les classes moyennes en difficulté « de souche ». Toutefois, si le programme et les mots changent, les fondamentaux restent. La « préférence nationale » puis la « priorité nationale » ne sont que des variables de la formule originelle « la France aux Français ». Le programme du parti en 2001 est très clair :

La France est une nation venue du fond des âges, sa population est pour l’essentiel fixée depuis plus de deux millénaires. Elle est principalement issue de la fusion de trois composantes européennes : celte, latine, germanique. Mais l’intégration massive de millions d’immigrés détruit cette identité. Il faut donc inverser le courant de l’immigration.

Le racisme, le développement ethno-différencié, le culte de la nation, d’une identité homogène fantasmée et la mise en péril de celles-ci face aux « invasions » migratoires sont les principes fondamentaux du FN, ceux qui ne changent pas, ceux qui constituent son ADN. Ajoutez à cela les positions autoritaires ou anti-démocratiques et vous obtenez la parfaite synthèse de la pensée fasciste. Par ailleurs, le tournant social se combine à la poursuite du projet de « respectabilisation » désormais nommé dédiabolisation. C’est également en 1995 que Jean-Marie Le Pen renie publiquement l’appellation « extrême-droite ». Il va inonder la presse de droits de réponse et poursuivre en justice ceux qui ne cèdent pas.

La marche vers le pouvoir

En 2002, le FN atteint le second tour des présidentielles avec 16,8 %. Malgré un score en baisse lors des présidentielles de 2007 (10,5 %), en 2012 il bat son record avec un score de 17,9 % soit 6 421 426 voix, près d’un million de plus qu’au second tour en 2002 (17,8 %). Le FN est devenu une force politique incontournable.

À sa tête depuis 2011, Marine Le Pen ne fait que renforcer le tournant social et l’entreprise de dédiabolisation. Ajoutez à cela l’amplification de la crise du capitalisme et vous obtenez un cocktail explosif, un parti fasciste aux portes du pouvoir au début du XXIe siècle en France. La conquête du pouvoir à toujours été la perspective du FN. Il a été créé pour cela, Jean Marie-Le Pen a mené le navire pendant près de 40 ans pour cela et sa fille a pris sa succession pour réaliser ce doux rêve du microcosme fasciste des années 1970. La forme est en perpétuelle évolution au FN mais le fond reste de marbre tout comme l’objectif final, la conquête du pouvoir et la mise en place d’un Etat national fasciste. Le drame actuel n’est pas tant que la majorité de la classe politique ainsi que la majorité du monde médiatique aient abandonné tout travail de diabolisation du FN ou autrement dit de dénonciation de ce qu’il est. Le drame actuel est qu’ils sont devenus les portiers du FN. L’UMP tout comme le PS sont contaminés par les idées fascistes. Sous couvert de course à l’audimat, les médias servent la soupe du FN via le perpétuel amalgame insécurité/immigration tout en accueillant à bras ouvert ses représentants. Le 1er mai 2013, Marine Le Pen exulte

Nous avons déjà gagné la bataille des idées

En juin 2013, Florian Philippot (vice-président du FN) déclare

tandis que la dédiabolisation est achevée dans le peuple, c’est désormais la quête du pouvoir qui doit être l’objectif majeur

pour

traduire dans le réel notre domination idéologique.

La catastrophe est proche de se répéter.

De nombreux points de l’histoire du FN n’ont pas été abordés à l’image de ses relations ambiguës avec la droite, l’évolution de ses discours racistes dirigés aujourd’hui principalement contre les musulmans et les Roms ou ses liens permanents avec ses milices, les groupuscules fascistes et violents. La visée principale de cet article est de démontrer historiquement la nature du FN, sa nature fasciste qui en fait notre pire ennemi. Ainsi, nous devons nous unir et combattre ce parti car nous n’avons plus le choix.

Repris de : JP (Comité du Gers)

Voir en ligne : Site du NPA 32

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Mis à jour le samedi 13 avril 2024