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En France comme ailleurs, la politique migratoire tue

Dominique Pierre

Durant cette campagne électorale pour l’élection présidentielle, l’immigration et « l’insécurité », thèmes de prédilection de l’extrême droite fascisante, sont ressassées jusqu’à la nausée. Cela fait des années que les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, mènent une politique de rejet des étrangers dont on parle en termes de flux, de chiffres, des non-humains qui ne seraient que source que de problèmes et de dangers.

Cette politique migratoire répressive vient de loin. Elle s’inscrit dans une longue histoire coloniale avec un État français miné par le racisme, avec au pouvoir durant de longues années une classe politique de droite ultra réactionnaire puis une gauche « socialiste » et « communiste » nationaliste ayant aussi mené des politiques coloniales.

Sans remonter trop loin, un durcissement contre les migrantEs s’est produit au début des années 2000 avec Sarkozy et la politique du chiffre dans le nombre d’expulsions de sans-papiers. Malgré la rupture annoncée par François Hollande, la politique migratoire durant son mandat s’est poursuivie sur les mêmes bases. Elle a eu un effet dévastateur sur la population en légitimant et justifiant une méfiance généralisée à l’égard des étrangerEs.

Des politiques durcies sous la présidence de Macron

Malgré l’image humaniste dont il aime se parer, Emmanuel Macron a durci cette politique au point de reprendre une partie du programme du RN à l’encontre des migrantEs. D’ailleurs Marine Le Pen s’est réjouie d’une « victoire politique de son camp »… Et voici de quoi se vante Macron : « Le taux d’acceptabilité de l’immigration dans notre pays est de plus en plus bas ». Et l’on se souvient de ces propos honteux : « Il faut protéger l’Europe contre les flux migratoires irréguliers importants », quand des milliers d’AfghanEs tentaient de fuir après la prise de Kaboul par les Talibans.

Il y a eu la loi « asile-immigration » de Gérard Collomb, qui avait d’abord mis le feu aux poudres en autorisant les contrôles d’identité dans les centres d’hébergement, les transformations successives du Ceseda 1 qui ont, entre autres, prolongé la durée d’enfermement dans les centres de rétention administrative (CRA), désormais jusqu’à 6 mois renouvelables ! Les retenuEs y sont tellement maltraités et désespérés qu’un homme s’est donné la mort le 23 novembre dernier au CRA de Oissel (76) et trois autres ont tenté de se suicider.

Machine administrative à fabriquer des sans-papiers

Le tout-répressif est à l’honneur avec la priorité donnée à l’enfermement, l’assignation à résidence, la traque et l’expulsion des sans-papiers menées comme une guerre. Les préfectures multiplient les obstacles pour ne pas les régulariser. La circulaire Valls permettant la régularisation des parents d’enfants scolarisés n’est plus appliquée par un certain nombre de préfectures. Les gens ne s’en sortent plus, avec une somme de documents infernale, de preuves à présenter, toujours suspectées d’être des faux. Et cela s’est encore aggravé avec le Covid : les rendez-vous en ligne sont accordés avec trois, quatre, cinq mois de délai, ou bien tout simplement impossibles à obtenir. Les Obligations de quitter le territoire français (OQTF) tombent en masse, assorties d’Interdictions de retour sur le territoire français (IRTF). Les jeunes majeurEs scolarisés sont menacés d’expulsion en cours d’année scolaire. Les mineurEs non accompagnés (MNA) sont toujours suspectés de tricher sur leur âge et voient leur reconnaissance de minorité refusée, notamment avec la pratique des tests osseux reconnue légale par le Conseil constitutionnel. L’ordre est donné aux préfectures d’exécuter les OQTF. Avec la reprise du trafic aérien, les embarquements forcés de réfugiéEs se multiplient. Cette politique est une machine à fabriquer les sans-papiers, qui remplissent les centres d’hébergement d’urgence que la préfecture de Seine-Maritime et d’autres interdisent maintenant aux personnes en situation irrégulière.

MigrantEs maltraités, pourchassés, poussés à fuir

Les frontières se ferment, à Calais (où l’on construit un mur), à Ouistreham, à la frontière espagnole, dans les Alpes du Sud et du côté de Menton. Dans de nombreuses villes, les migrantEs vivant à la rue sont maltraités par les forces de l’ordre qui jettent leurs affaires à la benne à ordures, détruisent leurs campements, lacèrent leurs tentes, les privent de leurs couvertures même sous des températures hivernales. Des adultes et des mineurEs sont reconduits à la frontière, sans qu’ils et elles aient eu la possibilité, parfois, de demander l’asile. Alors, les exiléEs partent sur des embarcations de fortune et meurent, comme les 27 noyéEs récemment dans la Manche qui est en train de devenir un cimetière comme la Méditerranée.

Le gouvernement Macron comme d’autres dirigeants de l’UE ne veut pas les accueillir. Allez où vous voulez dans le monde, mais pas ici ! Lâchement Macron demande à d’autres pays comme la Turquie, la Libye, en échange d’euros, de les empêcher de partir. La France a décidé de réduire de 50 % l’octroi de visas aux AlgérienEs et MarocainEs, de 30 % aux TunisienEs, face au refus de ces pays de rapatrier leurs ressortissantEs en situation irrégulière…

Les étrangerEs réfugiéEs sont devenus des non-humains. On peut exercer sur eux, sur elles, les violences les plus brutales. On peut s’arroger le droit de les tuer ou de les laisser mourir. Cela doit cesser.

1 – Code de l’entrée et du séjour des étrangerEs et du doit d’asile.

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Mis à jour le dimanche 24 mars 2024