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Gauche primaire vs gauche anticapitaliste

Il y a deux semaines démarraient les grandes manœuvres au sein de la «  gauche  » institutionnelle, à peine quatre mois avant le premier tour de l’élection présidentielle… Le social-libéralisme est bien à la peine et se cherche un nouveau ou une nouvelle leader pour porter ses couleurs.

Si les élections sont une réfraction – certes déformée – des rapports de force globaux, alors les sondages de ces derniers mois dressent le portrait d’une gauche ayant soif d’alternance mais bien incapable d’apparaître en capacité de se hisser au second tour.

Sous la poussée du bloc réactionnaire...

En premier lieu parce que parmi les cinq principaux aspirantEs, aucunE ne pèse actuellement plus de 12 %, avec en particulier une candidate du PS en état critique (politiquement car inaudible, et financièrement car donnée régulièrement sous la barre fatidique des 5 %).

Le moment est important car la dynamique pousse à droite, très à droite, à droite de la droite… Depuis la rentrée, la séquence présidentielle est polarisée par la droite et l’extrême droite et leurs thèmes de prédilection qui infusent la campagne  : en particulier, se conjuguent ces dernières semaines la percée de Zemmour (la réussite numérique de son meeting de lancement à Villepinte, avec un bloc d’extrême droite consolidé à 30 % voire 35 % selon les sondages) et l’entrée en campagne de Valérie Pécresse après le vote des militantEs LR, qui se hisserait au second tour à en croire les instituts.

Pour autant, c’est bien Macron qui continue à tirer les marrons du feu  : aux manettes pour fixer le tempo (se permettant même deux heures d’autosatisfaction télé­visée en prime time), en campagne sans être vraiment candidat, et surfant sur le fond sur une vague réactionnaire qui neutralise sa gauche, sur le terrain du «  danger migratoire  » venu de l’extérieur ou, ici, du «  wokisme  », avec l’autoritarisme pour seule réponse, y compris à une situation sanitaire qui se tend à nouveau.

Une gauche en état critique

Dans ce tableau, la «  gauche de gouvernement  » cherche les voies pour atteindre le seuil critique en terme d’étiage lui permettant d’exister dans cette campagne. C’est la conjonction de cette faiblesse globale et de l’offensive réactionnaire qui la pousse dans ses derniers retranchements à prendre des initiatives quasi désespérées  : l’appel au sursaut par Montebourg dans les colonnes de Libération le 7 décembre dernier, candidat en perdition sondagière prêt à «  offrir sa candidature  », suivi de coups de fil pathétiques aux répondeurs de Mélenchon, Jadot, Hidalgo et Roussel… En retour, Hidalgo qui dégaine la proposition d’une primaire pour trancher entre les différents candidats de gauche, une manœuvre qui fait pschitt... Troisième temps vendredi dernier, l’annonce de la possible candidature d’une Christiane Taubira qui constate «  l’impasse  » dans laquelle se trouve sa famille politique  : une candidature sans contenu politique d’une figure providentielle très «  Ve République  » venue pour sauver la gauche... Dernier épisode (à cette étape), Hidalgo qui réplique en manifestant son souhait d’un débat public à gauche pour voir les propositions des uns et des autres… Ultime recherche d’une porte de sortie pour une campagne qui prend l’eau de toute part…

Mais si la candidature de Taubira est bel et bien une (ultime  ?) tentative de redorer le blason de cette gauche institutionnelle, elle cherche aussi à apparaître comme une candidature d’espoir pour un «  peuple de gauche  » qui aspire à se rassembler contre le bloc réactionnaire, y compris dans les urnes.

Rassembler, mais sans renoncer

Cette aspiration légitime à l’unité traverse notre camp social, qui refuse de se résigner à un second tour présidentiel ayant pour seul postulantEs Macron, Pécresse, Le Pen ou Zemmour… Elle cherche d’autant plus à s’incarner qu’elle le fait autour de la figure de Taubira, cible des attaques racistes et sexistes, et qui incarne quelques combats sociaux (reconnaissance de l’esclavage, mariage pour touTEs)… Pour autant, si ces attaques incessantes de l’extrême droite (par exemple parce que Taubira avait apporté son soutien à Assa Traoré, ce qui affole la fachosphère) exigent toute notre solidarité, nous devons rappeler sa participation au dernier triste épisode de la gauche au pouvoir, son départ bien tardif (même avec un Valls Premier ministre) ou ses positions fort ambiguës sur la ­vaccination, etc.

Et si la question de l’unité doit être posée, cela doit être fait dans le bon sens. D’abord, ici et maintenant, pour construire les mobilisations  : pour riposter à l’extrême droite, sur le terrain des politiques de santé publique, pour nos salaires… Mais nous avons aussi besoin de débattre, de confronter  : de quelle gauche parlons-nous  ? Celle qui a gouverné ensemble il n’y a pas si longtemps, qui a mis le pied à l’étrier à Macron et cultivé le terreau fertile sur lequel prospère toujours l’extrême droite  ? Ou une gauche, anticapitaliste, révolutionnaire, internationaliste, qui campe fermement sur ses positions et n’a pas renoncé à rompre avec la logique infernale du capitalisme  ?

En ce qui nous concerne, nous ne sommes pas engagéEs dans une lutte pour le leadership «  à gauche  », pire encore pour une «  candidature commune de toute la gauche  ». Sans mettre le plus petit doigt dans le meccano d’une primaire qui n’a de sens que pour celles et ceux qui partagent le même programme (et le même héritage), nous sommes tout à fait disposéEs à discuter avec qui veut du bilan de la «  gauche de gouvernement  », et de la façon dont on peut répondre aux urgences sanitaire, sociale et écologique. De ce point de vue, la campagne autour de notre candidat Philippe Poutou reste le meilleur moyen de mener largement ce débat.

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Mis à jour le samedi 13 avril 2024