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413 milliards pour l’armée : vers un réarmement historique accepté par toutes les forces du RN à LFI

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Ce lundi s’ouvraient les débats sur la loi de programmation militaire qui prévoit une augmentation record du budget de l’armée. Un réarmement soutenu par l’ensemble des forces politiques, par-delà les intentions de votes de leurs députés.

Paul Morao
23 mai
Crédit photo : Ecole polytechnique/Creative commons

L’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février dernier a opéré un basculement dans la situation mondiale, avec le retour au premier plan de la perspective de conflits entre grandes puissances. Si la volonté des états de se préparer à des conflits de « haute intensité » n’est pas nouvelle, cette perspective est devenue plus immédiate, donnant lieu à un renforcement des tendances au réarmement. C’est dans ce contexte que s’inscrit la loi de programmation militaire dont l’examen à l’Assemblée a commencé ce lundi.

De l’argent il y en a... pour les soldats

L’élément le plus marquant de cette loi réside évidemment dans les chiffres faramineux présentés. En pleine préparation d’une offensive austéritaire inscrite dans le Programme de stabilité envoyé à la Commission européenne il y a quelques semaines, et après des mois de légitimation de la brutale réforme des retraites par le respect des équilibres budgétaires, le gouvernement s’apprête à dépenser des milliards pour l’armée.

Dans le détail, ce sont 413 milliards d’euros qui seront dépensés jusqu’en 2030, dans le cadre d’une croissance continue du budget annuel de l’armée, qui va passer de 40,9 milliards d’euros en 2022 à 68,9 milliards en 2030, tendant ainsi vers les 2% du PIB consacrés à la défense. Une augmentation que le gouvernement compare à celle opérée par De Gaulle au début des années 1960, au moment de la mise en œuvre d’une politique de dissuasion nucléaire.

Pour se préparer à des conflits de « haute intensité », le gouvernement veut notamment assurer la modernisation de cette dernière, le renforcement des capacités « expéditionnaires », notamment en termes d’équipements, ou encore les moyens pour affronter les espaces conflits hybrides (cyberespace, espace, fonds marins). Un effort financier considérable, salué par l’ensemble des forces politiques, de la gauche à l’extrême-droite, qui convergent dans la défense d’une politique de réarmement agressive.

Rare (mais emblématique) voix discordante sur le terrain budgétaire, l’IFRAP, un think tank ultra-libéral, spécialisé dans la dénonciation de la dépense publique, jugeait récemment la réforme des retraites pas assez violente et appelle à s’attaquer à l’Allocation Adulte Handicapé mais trouve les dépenses historiques proposées par le gouvernement… insuffisantes ! Il appelle ainsi à ajouter au budget une enveloppe de 57 milliards d’euros.

De LR à LFI : un consensus généralisé en faveur de la défense de l’escalade militariste

Même son de cloche du côté du député LR Jean-Louis Thériot, vice-président de la Commission de la défense nationale et des forces armées, qui qualifie la loi de « raisonnable » plutôt qu’« historique », évoquant le niveau des budgets militaires qui atteignaient les 3% du PIB pendant la guerre froide. Comme chez d’autres parlementaires, à l’image des deux sénateurs LR et PS qui appelaient dans un rapport en avril dernier à un changement plus structurel « de logiciel », a l’aune de la guerre en Ukraine, s’ajoutent des nuances sur le fond du projet présenté. Une critique reprise par certains journalistes spécialisés, qui regrettent un manque « d’audace », mais qui n’entame pas le soutien généralisé aux dépenses extraordinaires annoncées.

De même, du côté de l’opposition de gauche, les désaccords portant par exemple sur l’autonomie de la France, l’appartenance au commandement intégré de l’OTAN, les accords industriels sur l’armement, ou le refus d’envisager un désarmement nucléaire à terme, n’empêche pas un soutien clair aux objectifs de renforcement de l’armée du gouvernement. Dans son contre-projet de loi, la France Insoumise, critique ainsi les insuffisances de la loi, laissant entendre que le budget prévu serait insuffisant du fait de l’inflation ou regrettant les délais de livraison de blindés. Les députés insoumis ont d’ailleurs déposé un amendement visant à accélérer le rythme de l’augmentation du budget sur 7 ans.

De même, tout en regrettant l’absence de débat public sur le sujet et en critiquant la « culture expéditionnaire » de l’armée française, Fabien Roussel a été transparent à l’Assemblée en expliquant : « nous sommes de ceux qui voteront toutes les dépenses permettront d’augmenter ces moyens, de les moderniser, permettre à nos soldats de s’entraîner, de se protéger, d’être les plus efficaces sur le terrain. La défense nationale ne se négocie pas, elle doit être forte et efficace ». Une déclaration qui pourrait s’appliquer à l’ensemble des forces de la NUPES, par-delà leurs désaccords avec le gouvernement qui pourraient les conduire à ne pas voter la loi.

Des prises de position qui rappellent le consensus de toutes les forces politiques, jusqu’à LFI, autour du soutien à l’armée et de la défense des intérêts de l’impérialisme français, dans laquelle l’institution militaire joue un rôle fondamental. Alors que, comme le souligne Claude Serfati, cette place centrale du militaire dans le régime de la Ve République est indissociable de son caractère anti-démocratique, des offensives liberticides en cours et des tendances au durcissement de la répression contre le mouvement social et les quartiers populaires, dans le cadre d’un « continuum de sécurité globale » entre sécurité intérieure et extérieure., il y a urgence à défendre une position radicalement différente.

Le système de santé connaît une profonde crise, l’inflation rogne les budgets des ménages, et l’effort militaire à venir se fera sur le dos des travailleurs et des classes populaires auxquels sont promises de nouvelles attaques : le mouvement ouvrier doit s’opposer au réarmement et défendre une autre perspective, en toute indépendance de classe. Cela passe par la construction d’un programme, qui allie lutte pour les retraites, les salaires, la répartition du temps de travail, mais aussi refus de l’offensive autoritaire et de l’escalade militariste. Un programme à porter dans la lutte, indissociable de la construction d’un plan de bataille sur la base des bilans des derniers mois de combat contre le gouvernement.

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Mis à jour le samedi 13 avril 2024