Aller au contenu Aller au menu Aller à la recherche

Logo du site

Accueil > International > Espagne > Bilan des élections andalouses : une étape du processus

Bilan des élections andalouses : une étape du processus

Le 22 mars, aux élections régionales en Andalousie, Podemos a progressé (15% des voix) et le PP (droite) s’est effondré [1].

Teresa Rodriguez, militante anticapitaliste, tête de liste de Podemos en Andalousie. Photothèque Rouge/JMB

« Après ces élections, tous les partis crient victoire, mais pas nous. Nous avons eu 15 sièges au Parlement régional, mais nous n’avons pas atteint notre objectif parce que demain, on continuera d’expulser de leur logement quarante personnes tous les jours, il y aura encore en Andalousie un million de chômeurs et un million d’enfants vivant sous le seuil de pauvreté. Notre but est de gagner la majorité politique pour gouverner en faveur du peuple et avec le peuple comme sujet actif de son gouvernement. Tant que nous ne l’aurons pas fait, nous ne pouvons parler de victoire ». Lorsque Teresa Rodríguez [2]a pris connaissance dimanche 22 mars des résultats des élections régionales d’Andalousie dont elle était tête de liste pour Podemos, c’est par ces mots qu’elle a fait le bilan de la campagne et rappelé le projet politique en opposition au gouvernement social-libéral de Susana Díaz .

Ex-eurodéputée, syndicaliste et militante anticapitaliste, la tête de liste de Podemos en Andalousie n’a pas eu de complaisance avec l’importante progression électorale d’une force née récemment, sans moyens financiers, sans structure organisationnelle ni expérience institutionnelle. Teresa ne crie pas victoire parce que le PSOE conserve ses 47 sièges, même s’il a perdu 250 000 voix par rapport au scrutin de 2012. Le PP (droite) s’effondre en cédant presque 200 000 voix au PS (événement historique en Andalousie), mais avec ses 33 députés, il n’a pas été dépassé par Podemos. Ciudadanos (Citoyens) qui apparaît comme une solution de rechange d’urgence pour la droite, avec 368 000 voix prises au PP, a obtenu 9 sièges.

Cependant, il faut mesurer l’importante portée du résultat de Podemos. À ce premier rendez-vous électoral après sa naissance aux dernières élections européennes du 25 mai 2014, il a obtenu 590 000 voix, soit 14,84 % des suffrages exprimés, 300 000 de plus que lors de son premier essai l’an dernier : une progression de 300 % en un an ! Les voix de Podemos ont plusieurs origines : des anciens électeurs socialistes (environ 200 000), d’anciens électeurs de Izquierda Unida (IU, PC, 200 000 de plus), des Verts de Equo (presque 20 000), le reste étant issu de la gauche radicale et d’abstentionnistes de gauche. Il faut souligner la coopération positive au cours de la campagne entre les « podémistes » et les militants verts qui n’ont, malheureusement, obtenu aucun siège pour les candidats de Equo [3].

Podemos a réussi la plus vaste mobilisation populaire de toute la campagne, avec plus de 200 meetings et réunions publiques, en particulier le dernier au vélodrome de Dos Hermanas (Séville) qui a rassemblé 16 500 personnes, 6 500 de plus que l’ensemble des présents aux meetings organisés en même temps par le PSOE, le PP, IU et Ciudadanos ! Le succès de Dos Hermanas a fait croire que l’avancée électorale de Podemos serait bien plus importante qu’elle ne l’était réellement dans la conscience populaire.

L’offensive de la droite et des médias contre Podemos, faite de calomnies, mensonges et censure dans les moyens d’information, a été un premier indicateur de la bataille qui va avoir lieu lors de prochaines élections, le 25 mai dans d’autres régions et aux municipales, et lors des élections générales de fin d’année. Les puissances économiques autour des grandes entreprises de l’Ibex 35 [4] se sont donné trois objectifs à l’échelle de l’État, qui se sont déjà exprimés en Andalousie : arrêter la progression de Podemos, préparer un recyclage des voix mécontentes du PP en soutenant Ciudadanos, et faire pression pour un gouvernement de grande coalition entre le PP et le PSOE (sous la forme d’un gouvernement conjoint ou d’un gouvernement du parti majoritaire soutenu par le parti en deuxième position). Dans le cas de l’Andalousie, la grande option du capital porte un nom : Susana Díaz.

Mais les élections en Andalousie ont montré qu’il est difficile d’arrêter le désir de changement d’une large partie des classes travailleuses qui ne se résignent pas, qui ont abandonné de vieilles fidélités et comptent sur Podemos comme outil de lutte électorale. L’espoir insufflé et l’organisation des militants des Cercles [5], l’organisation de base de Podemos, sont le principal acquis politique de la nouvelle organisation.

Le changement a commencé dans l’État espagnol, il a commencé en Andalousie. Une bonne illustration en est que Teresa Rodríguez, publiquement connue comme militante trotskiste (écologiste et féministe) d’Anticapitalistas, a été la candidate qui a eu le plus de voix dans sa ville, Cadix, gouvernée depuis 30 ans par Teófila Martínez du Parti populaire

Notes

[1Les résultats des élections en Andalousie le 22 mars 2015 sont les suivants : Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) 35,42 % (47 sièges) ; Parti populaire (PP) 26,76 % (33 sièges) ; Podemos, 14,84 % (15 sièges) ; Ciudadanos, 9,28 % (9 sièges) ; Gauche unie (IU) 6,89 % (5 sièges). En 2012 le PSOE avait réuni 39,52 % des voix (47 sièges) ; le PP 40,66 % (50 sièges) et IU 11,34 % (12 sièges). Le PSOE a pu former un gouvernement, présidé par Susana Díaz, grâce à une alliance avec IU.

[2Teresa Rodríguez, tête de liste de Podemos en Andalousie, est membre du courant Anticapitalistas.

[3En 2012 Equo a obtenu 20 000 voix, soit 0,53 % des suffrages exprimés.

[4Ibex 35 est le principal indice boursier de la Bourse de Madrid, composé de 35 entreprises, dont le poids est pondéré par leur capitalisation boursière.

[5Les cercles sont la structure de base de Podemos. Il y a des centaines de cercles locaux ainsi qu’une trentaine de cercles « thématiques ».

SPIP 3.2.0 [23778] | Squelette BeeSpip v.

Mis à jour le samedi 13 avril 2024