Crédit Photo : Discussions et échanges, la solidarité concrète. DR
Du 11 au 16 mai, une délégation des collectifs solidarité santé France-Grèce (composée de 25 membres d’ATTAC, Sud Santé, SMG, FSU, coordination des comités de défense des maternités et hôpitaux de proximité, Codegaz, CGT Sanofi, PCF, Ensemble, PG et NPA) s’est rendue à la rencontre des dispensaires autogérés et des militants syndicalistes des hôpitaux grecs.
Cette délégation s’est entretenue avec la coordination des dispensaires, et a visité 8 d’entre eux à Athènes (il y en a près de 50 dans toute la Grèce). Elle a aussi rencontré des équipes syndicales, médecins et personnels des hôpitaux : Geniko, Sotiria et l’hôpital psy de Delphis, ainsi que le courant syndical de Syriza (Meta) souvent en alliance avec Antarsya dans le domaine de la santé. Outre une interview à la radio Kokkino, elle a rencontré des parlementaires et a été reçue par A. Xanthos, vice-ministre de la Santé, lui même à l’initiative d’un des premiers dispensaires en Crète. Celui-ci nous a affirmé que le décret qu’il vient de prendre pour rétablir la carte d’accès aux hôpitaux pour tous, y compris les privés d’emploi (1,6 million), serait tenu.
Les dispensaires ont réussi à procurer des soins gratuits aux exclus (35 % de la population) et aux immigrés. Ces structures sont volontaires et militantes, autogérées avec AG décisionnelle et une dimension non hiérarchique entre professionnels de santé et usagers (qui participent à la gestion), militant pour la restauration du système public pour tous et donc pour leur propre disparition. Dans le dispensaire du centre d’Athènes, Kiffa, nous avons rencontré Sofia, pharmacienne, membre de l’UNICEF et de la récente commission gouvernementale pour un moratoire sur la dette grecque autour d’Éric Toussaint du CADTM. Quelle émotion quand elle nous a montré leur affiche pour le soutien à la résistance kurde à Kobané : en effet, les dispensaires d’Athènes ont envoyé une délégation sur le front de Kobané avec leurs restes de médicaments !
Des syndicalistes « lutte de classe », des parlementaires combatifs
L’hôpital public, comme celui de Sotiria, hôpital historique lors de la résistance anti-nazis, est au bord de l’effondrement, sous-financé et manquant de personnel et de matériel. Les syndicalistes que nous avons rencontrés ont décidé de faire grève ce 20 mai, non pas contre l’actuel gouvernement mais pour marquer leur soutien et leur attachement aux hôpitaux que le précédent gouvernement voulait fermer ce mois de juin.
Notre délégation a rencontré au Parlement 10 députés de Syriza, membres de la commission santé, et leur coordonnateur K. Zacharias. Pour ceux-ci, les dispensaires ont été révélateurs de la profondeur de la crise et sont un élément de résistance. Il faut savoir (et faire savoir) que 20 % des indemnités parlementaires de Syriza sont affectés à la « solidarité pour tous », une structure large en relation avec les dispensaires et portant sur la nourriture, l’habillement, le logement, etc. Ces parlementaires ont voté la récente suppression du forfait hospitalier et la restauration de la carte « Vitale » pour tous (les sans-emplois et les immigrés en étaient privés ), ainsi que pour l’accès gratuit aux vaccins et le développement de l’offre dentaire publique.
Le constat commun des membres de la délégation est celui d’une catastrophe sanitaire due à l’austérité imposée par l’Europe du capital : dentaire, tuberculose, malaria, retard de prise en charge des cancers, etc. La délégation est revenue consciente d’un risque immédiat d’étranglement de l’expérience du peuple grec avec le gouvernement Syriza, et de sa lutte contre l’austérité. Pourtant nombre d’hommes et de femmes (beaucoup de femmes !) restent debout ! Nous devons les soutenir et avons beaucoup à apprendre d’elles/eux. Notre délégation s’est promise d’être disponible pour rapporter son voyage partout où on le lui demandera, et pour aider à la création de nouveaux collectifs et voyages de solidarité.
CorrespondantEs