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Europe forteresse. Répartition des migrants et renforcement des frontières

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L’Europe forteresse se veut hermétique

Karel Venuvitch

Les ministres de l’Intérieur des différents pays de l’Union européenne se sont accordés sur la répartition de 120 000 migrants en deux ans. Au terme d’un débat houleux, il aura fallu un vote pour faire passer le plan de la Commission européenne, mardi dernier à Bruxelles, alors que ces questions se règlent d’habitude au consensus. Si la France et l’Allemagne se sont félicitées de cet accord, ce dernier est résolument insuffisant, alors que la barre des 1 million de réfugiés devrait être largement dépassée fin 2015. À cette mascarade s’est ajouté la réunion des Chefs d’État ce mercredi, où le débat a tourné autour des hot spots et du renforcement des frontières extérieures…

Sur la répartition des migrants, un débat tendu…

La question de la répartition des migrants au sein de l’Union européenne aura donné lieu à de nombreux clivages et a abouti à un accord totalement hors sol. Dès la sortie de la séance, le Premier ministre slovaque Robert Fico a déclaré : « tant que je serai Premier ministre, les quotas obligatoires ne seront pas appliqués sur le territoire slovaque ». Tout comme ses homologues roumain, hongrois et tchèque, il a voté contre le mécanisme.

En effet, tout en essayant d’apparaître comme des « humanistes » les dirigeants des pays centraux de l’UE, à commencer par l’Allemagne et la France, veulent faire peser une partie de la responsabilité de l’accueil des réfugiés sur les semi-colonies d’Europe de l’Est. Cela est complètement hypocrite. Tout le monde sait que les réfugiés cherchent à s’installer dans les pays les plus riches de l’Europe et non dans les pays les plus pauvres. Une sorte de sous-traitance de l’accueil des migrants dans l’UE.

S’appuyant sur cet argument, des gouvernements d’Europe centrale et de l’Est font de la démagogie xénophobe à des fins électoralistes ou pour construire un soutien populaire sur une base réactionnaire. Cela les amène à être ceux qui disent le plus haut ce que tous les gouvernements font par le bas : défendre l’Europe forteresse.

Les politiques impérialistes ayant embrasé le Moyen-Orient sont plus que jamais d’actualité. Le bombardement de la Syrie annoncé par la France, en plus des bombardements en Irak, ne font que rajouter du chaos au chaos, mais tendent à protéger les intérêts européens dans cette région du monde, et la récente sortie de Poutine sur le dossier Syrien illustre ces besoins de stabilité, mettant entre parenthèses les brouilles entre les occidentaux et la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine. Lorsque les intérêts convergent, les solutions se trouvent rapidement, quitte à être contradictoires avec les politiques menées au préalable.
…sur le renforcement des frontières et les hot spots un débat apaisé !

« La question que nous devons nous poser ce soir est comment retrouver le contrôle de nos frontières extérieures » a martelé Donald Tusk, président du Conseil européen. La question des fameux hot spots a été abordée, précisant qu’il était impératif que ces centres d’accueil soient opérationnels les prochains jours en Italie et en Grèce afin de s’assurer, selon Frans Timmermans, vice président de la Commission, « que ceux qui arrivent en Europe sont rapidement enregistrés, que leurs empreintes digitales sont prises, et qu’on puisse faire une sélection rapide entre ceux qui restent et ceux qui ne peuvent rester ».

Ces hot spots ont aussi vocation à devenir des centres de rétention pour celles et ceux qui n’obtiendront pas le précieux sésame du droit d’asile. Dans ce concert de déclarations abjectes, la position défendue par François Hollande, dont la politique est une des sources du chaos régnant au Moyen-Orient, ne diffère pas d’un iota de la ligne réactionnaire des chefs d’États européens : « C’est en Turquie, en Jordanie, au Liban que les aides doivent être apportées aussi rapidement que possible, pour que les réfugiés ne soient pas tentés de venir en Europe en risquant leur vie ».

La question des migrants économiques a aussi été au cœur du débat, avec un accord unanime sur le choix d’une « politique de retour ». Enfin, la Commission a rappelé que son projet d’« un corps de garde-côtes et garde-frontières européens » serait sur la table d’ici la fin de l’année.

Si mardi une partie des représentants des États membres de l’Union européenne ont masqué leur politique xénophobe sous un humanisme de façade, la réunion du lendemain expose au grand jour le visage de l’Europe forteresse. Après avoir laissé le gouvernement Orban autoriser son armée à tirer à balles réelles sur les migrants en Hongrie, après avoir renforcé l’idée, à grands coups médiatiques, d’une Europe dépassée par une vague migratoire ingérable, et donc rendue irrémédiable la fermeture des frontières aux limites et au sein de l’espace Schengen, l’impérialisme européen, Français et Allemands en tête, a décidé de passer à la vitesse supérieure. Les prises de position, aussi hypocrites que mensongères, qui ont suivi la publication de la photo d’Aylan sont aujourd’hui mises dans un tiroir par les dirigeants européens.

Face à la vague réactionnaire qui s’abat sur l’Europe, les mobilisations de soutien, à grand renfort de « Refugees Welcome » n’ont jamais été aussi indispensable pour mettre un terme aux politiques mortifères de l’Europe forteresse.

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Mis à jour le samedi 13 avril 2024