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Rassemblement Air France à Paris. Le début d’un tous ensemble ?

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Des milliers devant l’Assemblée en soutien aux salariés d’Air France

Philippe Alcoy

Ce jeudi 22 octobre, deux mille personnes se sont mobilisées pour exprimer leur opposition aux 2.900 suppressions de postes chez Air France mais aussi pour se solidariser avec les cinq salariés inculpés dans « l’affaire de la chemise ».

Le quartier était complètement bouclé. Le rassemblement avait lieu dans un endroit confiné, car le gouvernement cherchait sans aucun doute à empêcher que la mobilisation soit visible. Mais cela n’a pas empêché des centaines de salariés d’Air France, des soutiens, des sections syndicales de différents secteurs et des personnalités syndicales et politiques de venir apporter leur soutien à cette lutte. On y trouvait en effet des pilotes, des hôtesses de l’air et des stewards, ainsi que des personnels au sol. Les différents syndicats de l’intersyndicale étaient évidemment là.

Quant aux soutiens, on a pu remarquer plusieurs unions locales et départementales de la CGT, de FO, de Solidaires. On notera par exemple la présence de représentants de la CGT Renault Cléon, de la CGT Thales et de la CGT archives qui étaient venus avec une banderole où était écrit : « Abandon des poursuites ! Aucun licenciement ! ». Des militants de Sud-Rail étaient présents avec des panneaux où il y avait marqué : « Valls envoie tes flics contre les licencieurs, pas contre les travailleurs ».

Sur la tribune était aussi déployée une banderole de soutien aux salariés d’Air France de la part du personnel de la compagnie aérienne espagnole Iberia.

Une délégation d’étudiants était présente avec Solidaires Etudiant.e.s avec des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Etudiants solidaires des salariés d’Air France » ; « La lutte de classes déchire » ou encore « Nos études valent plus que leurs chemises ».

Beaucoup de pancartes individuelles étaient visibles dénonçant la direction d’Air France et particulièrement le PDG d’Air France-KLM Alexandre de Juniac, et saluant aussi le courage des salariés.

Parmi les personnalités syndicales et politiques étaient présents Xavier Mathieu (ex-délégué syndical CGT des Conti), HK et les Saltimbanks, Philippe Martinez (secrétaire général de la CGT), Jean-Pierre Mercier (délégué syndical PSA), Olivier Besancenot (porte-parole duNPA), Nathalie Arthaud (porte-parole LO), Pierre Laurent (PCF), Eric Coquerel (Parti de Gauche) et Clémentine Autain (porte-parole d’Ensemble).

Des mots de lutte, des mots de soutien

Plusieurs personnes ont pris la parole à la tribune. Beaucoup ont exprimé leur émotion de voir autant de monde et surtout toutes les catégories rassemblées : des pilotes aux travailleurs au sol, du cargo, du fret, en passant par les hôtesses de l’air et stewards. Ainsi, un représentant de la CGT Cargo affirmait : « On ne va pas lâcher. Nos camarades, on les aime, on aime Air France et personne ne fera en sorte que nos camarades se retrouvent au chômage et que leurs familles soient dans la misère. Ca c’est juste inconcevable dans nos têtes ».

Un autre représentant de la CGT DGI dénonçait le mépris de la direction et la garde à vue d’un de leurs camarades : « Le mépris de la direction [suite à l’arrestation] par les forces de police (…) alors que le camarade sortait de nuit, la direction ne s’est même pas renseigné pour savoir comment va le salarié aujourd’hui, sans solde, après avoir passé plus de 30 heures en garde à vue. Ils ne se sont pas souciés, ils n’en ont rien à foutre de nous (…) Aujourd’hui ce n’est que le début de la grande démonstration, on les fera plier, moi j’y crois sincèrement, on va les faire plier ! ».

Le cargo a été le secteur le plus touché par les poursuites judiciaires. Un représentant syndical du secteur a dénoncé la situation en affirmant : « ‘Monsieur Chemise’ dans deux ou trois mois il va monter dans la holding avec M. De Juniac, il va oublier tout ça. Et nos camarades, ils vont se retrouver où ? Avec leurs familles, leurs enfants, ils vont faire comment ? C’est ça la solidarité. On lâche rien ! Et c’est fini maintenant, ce n’est pas eux qui dictent, c’est nous qui dictons ! ».

Une représentante de Solidaires s’est adressée au public depuis la tribune pour dire : « Ce que vous avez réhabilité là c’est la lutte syndicale, c’est la lutte pour les droits, c’est la lutte pour la justice sociale et c’est aussi la lutte de classes (…) la deuxième chose, c’est que la colère, c’est mille fois mieux que la résignation ».

Olivier Besancenot pour le NPA a dénoncé l’hypocrisie du gouvernement et des médias quand ils parlent de la « violence » des salariés d’Air France : « Aujourd’hui on vit dans un pays où les classes dirigeantes peuvent foutre des milliers de personnes à poil en leur faisant perdre leur emploi, elles peuvent taper des réfugiés, les taper à terre, les gazer à dix centimètres, taper des femmes qui luttent tout simplement pour avoir un logement, il y a même des avocats à Lille qui se sont fait déchirer leur robes et ça n’a pas fait la Une du 20h ».


Eric Coquerel du Parti de Gauche a dénoncé quant à lui la connivence ente les dirigeants politiques et les directions des multinationales : « Tout à l’heure, des journalistes nous ont dit ‘mais, vous comptez récupérer un mouvement ?’. Et nous leur disons une chose : ça les gêne pas que des responsables politiques soient récupérés par les actionnaires ? Ca les gêne pas que des responsables politiques fassent des allers-retours entre les cabinets ministériels et la direction d’Air France ? ».


Nathalie Arthaud de Lutte Ouvrière a dénoncé la justice qui s’acharne contre les salariés : « Si la Justice cherche des auteurs de ‘faits de violence en réunion’, et bien qu’ils aillent chercher les membres du conseil d’administration d’Air France, de Peugeot, de Sanofi, des Trois Suisses, de la Société Générale ! Parce que ce sont ces gens-là qui vivent de l’exploitation, des licenciements, du chômage, de la misère et c’est ça la véritable violence ! ».

Enfin, Xavier Mathieu a rappelé aux manifestants la politique répressive du gouvernement PS : « Dans la nuit du [25 au 26] octobre 2014 c’est ces gens-là, Valls, Macron et Cazeneuve qui ont appelé des [gendarmes] pour assassiner Rémi Fraisse d’une grenade dans le dos. C’est ces gens-là qu’aujourd’hui qui parlent de violence, c’est ces mêmes personnes qui envoient des missiles au Mali, qui envoient des Mirages en Syrie et qui oublient de vous parler des millions de morts que cela engendre ».

Pour un plan de lutte de l’ensemble de la classe ouvrière

L’attaque du gouvernement, de la Justice et du patronat contre les salariés d’Air France est un message adressé contre l’ensemble des travailleurs. Il s’agit de justifier les licenciements en prétendant sauver les « champions de l’industrie nationale » à coup « d’efforts » et de « sacrifices »… de la part des salariés bien évidemment !

Mais aussi il s’agit de condamner tout type de résistance à ces attaques à la faveur du soi-disant « dialogue social ». « Dialogue social » d’ailleurs qui ne « marcherait » que quand les directions syndicales acceptent les licenciements comme chez Areva cette semaine.

Dans un contexte très morose pour les exploités en France, la lutte d’Air France pourrait constituer le fer de lance d’une mobilisation sociale d’ensemble. Et celle-ci est nécessaire non seulement pour que les salariés d’Air France arrivent à stopper le plan de la direction mais aussi pour que tous les autres salariés du pays qui se font licencier quotidiennement sous prétexte de la crise économique, relèvent enfin la tête.

Pour cela, nous avons besoin d’un plan de bataille commun qui ait comme axe principal l’opposition à tous les licenciements, aux dégradations de conditions de travail et aux baisses de salaire. En ce sens, Xavier Mathieu a lancé, dans son intervention, un appel pour unifier les luttes autour de la solidarité avec les travailleurs d’Air France, qui pourrait déboucher sur un mouvement plus large : « Je voudrais lancer un appel, j’aimerais bien que le 2 décembre, le jour où [les salariés d’Air France inculpés] passent au tribunal, qu’il y ait une grève générale d’annoncée ; la solution c’est une grève générale d’annoncée le 2 décembre ! ». Et effectivement, il s’agit d’une très bonne idée !

P.-S.

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Mis à jour le samedi 13 avril 2024