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2015 : un avertissement, un défi

Ouverte par les attentats de Charlie et de l’Hyper Cacher de Vincennes, l’année 2015 se termine en France par le saccage d’un lieu de culte musulman en Corse. Avec les attentats de janvier puis ceux de novembre, les habitantEs de la patrie des droits de l’homme se trouvent confrontés à la réalité vécue depuis des années par les populations de nombreux pays. Mais cette violence n’est qu’une toute petite partie des violences qui s’étendent sur l’ensemble de la planète. La violence des guerres, des interventions initiées par les États impérialistes pour défendre leurs intérêts économiques et stratégiques, la violence du racisme, celles qui s’exercent contre les femmes et celles engendrées par les désastres écologiques...

Appuyés par médias, les gouvernements exploitent cyniquement la légitime indignation des populations, en rameutant le 11 janvier tous les chefs d’État – jusqu’aux plus réactionnaires – et en organisant une sinistre opération d’union nationale aux Invalides le 27 novembre relayée dans le monde entier. L’état d’urgence français marche dans les pas du Patriot Act des États-Unis et permet d’accroître les dispositifs répressifs qui menacent avant tout le mouvement ouvrier et démocratique, tout cela sur fond d’islamophobie grandissante.

Les dirigeants tentent de substituer la guerre contre une barbarie identifiée à l’« étranger » à la guerre de classe. Tel est le défi que nous devons relever.

Dossier réalisé par Robert Pelletier et Yvan Lemaitre

SYRIZA, DE LA VICTOIRE À LA CAPITULATION

Le 25 janvier, le peuple grec votait massivement pour Tsipras et Syriza. Il rejetait l’austérité et les sacrifices que lui imposent depuis 2009 la troïka et la bourgeoisie grecque avec le soutien actif des gouvernements européens, Hollande en tête.

En cinq ans, le chômage a triplé, les salaires et les pensions ont été diminués de 10, 20, 30 %, les services publics ont été démantelés. Sauf les quelques centaines de familles liées aux armateurs et au grand capital de la distribution et du bâtiment, personne n’est épargné.

Tsipras avait promis de faire payer davantage les plus riches, y compris les armateurs et l’Église orthodoxe, et de renégocier la dette. Soumis au talon de fer de la troïka, n’osant pas faire appel aux travailleurs, à la population, il a capitulé, abandonnant au final son plan dit anti-austérité pour accepter la mise sous tutelle de la Grèce.

Les dirigeants européens ont voulu montrer qu’il n’y avait pas d’autre issue que de se plier à leur diktat. Ils ont surtout démontré l’impasse des politiques réformistes. Pour briser le joug de la finance, il n’y a pas d’autre voie que la lutte collective, consciente, anticapitaliste et révolutionnaire des peuples.

CONTRE LES DROITS DES TRAVAILLEUR/EUSES

Acharné à fournir aux capitalistes l’environnement social le plus favorable, le gouvernement Hollande-Valls n’a respecté aucune pause, que ce soit dans le contexte des attentats de janvier, de novembre, ou suite à ses échecs répétés aux élections.

Votée en mars en procédure accélérée, sous 49-3, la loi Macron met en place l’assouplissement du travail de nuit et de week-end, des mesures de simplification des procédures de licenciement collectif, le plafonnement des indemnités en cas de licenciement abusif, l’allègement des condamnations en cas de délit d’entrave de l’employeur. Mais ces premières mesures de « simplification » du code du travail ne suffisent pas au patronat. à peine votées, Valls faisait adopter une loi autorisant le renouvellement à deux reprises des CDD et mettait la loi Rebsamen en chantier. De nouvelles attaques avec l’encadrement dans le temps de la consultation des institutions représentatives du personnel (IRP), la possibilité dans les entreprises de moins de 300 salariéEs de regrouper ces IRP au sein d’une délégation unique du personnel, la suppression du rapport de situation comparée qui permettait un bilan chiffré sur l’égalité homme-femme.

Ne rencontrant qu’approbation de la part de la CFDT et consœurs et une opposition timorée de la CGT-FO-FSU, le gouvernement est bien décidé à poursuivre son œuvre rétrograde avec la mise place de la commission Combrexelle-Badinter chargée de réécrire complètement le code du travail dans une version light mettant notamment à bas le principe de faveur et tendant à donner une place décisive aux accords au niveau de l’entreprise.

RÉSISTANCES MULTIPLES, RÉVOLTES DES INVISIBLES

Malgré le contexte social et politique, les luttes sociales n’ont pas cessé. Au-delà des négociations annuelles obligatoires sur salaires, des ripostes souvent le dos au mur, contre les suppressions de postes ou des fermetures de sites qui témoignent d’une volonté de résistance.

Dans les hôpitaux de Paris, les personnels sont mobilisés contre un plan modification de l’organisation du temps de travail avec notamment la réduction du nombre de jours RTT. Une mobilisation animée par une intersyndicale bousculée à plusieurs reprises quand les directions entamaient des négociations de couloir.

Avec la chemise arrachée d’un DRH, les salariéEs d’Air France sont devenus le symbole de la réponse ouvrière aux violences patronales. Symbole aussi pour le patronat et le gouvernement qui déverseront haine et calomnies contre les salariéEs et n’hésiteront pas à procéder aux licenciements et à la poursuite en justice des prétendus meneurs.

Des salariéEs souvent invisibles – dans les couloirs des grands hôtels, dans les cuisines, derrière les rayons des grands magasins – se révoltent contre une exploitation souvent forcenée. Dans les palaces parisiens, depuis Park Hyatt en 2014, les mobilisations des femmes de ménage, femmes de chambre, gouvernantes, cuisiniers, se sont enchaînées dont parmi d’autres à Paris Royal Monceau puis W Opéra.

De même dans le nettoyage, à Nantes, à Lyon, à la BNF, dans les HLM de Paris et dans de multiples entreprises. Horaires et conditions de travail, bas salaires, corruption syndicale, multiplication des niveaux de sous-traitance, ne viennent pas à bout de la combativité d’un salariat pour lequel l’inexpérience stimulent l’imagination et la détermination. Des luttes souvent liées à la question des sans-papierEs, comme celles de la coiffure au 57 boulevard de Strasbourg qui ont obtenu cette année leur régularisation après 11 mois de mobilisation.

Dans le commerce, la détermination du gouvernement à généraliser le travail du dimanche et le travail de nuit avec la multiplication des zones touristiques internationales (ZTI) a suscité une riposte prolongée, déterminée, notamment à Paris avec l’appui du CLIC-P, collectif intersyndical fer de lance des mobilisations contre la loi Macron.

Avec la tentation permanente des directions syndicales de centrer les mobilisations sur le dialogue social, les appels à manifester nationalement le 9 avril ou le 8 octobre n’ont eu que peu d’effet au regard de la nécessité de centraliser et de coordonner les luttes.

DE LA SYRIE À LA LIBYE, VERS L’EXTENSION DE LA GUERRE

Le 18 décembre, les 15 membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont adopté à l’unanimité une résolution confirmant la feuille de route pour une solution politique à la guerre, établie par les grandes puissances en novembre à Vienne. Celle-ci prévoit des négociations entre le régime et l’opposition dès janvier pour un cessez-le-feu sur tout le territoire syrien, puis un gouvernement de transition dans les six mois, et des élections dans les dix-huit mois. Une chimère, un cadre politique virtuel, une tromperie pour justifier la guerre dans laquelle les grandes puissances sont engagées et dont la seule réelle conséquence immédiate est de remettre Assad au centre des discussions.

Dans les faits, les grandes puissances n’ont aucune issue si ce n’est d’intensifier la guerre avec, peut-être dans quelques mois, une nouvelle intervention terrestre. Quelle paix pourrait naître de cette coalition d’États aux intérêts rivaux qui compte entre autres l’Arabie saoudite ou la Turquie d’Erdogan ?

Le 31 décembre, ce dernier a promis de « nettoyer » la Turquie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en faisant référence à l’Allemagne nazie d’ Hitler pour défendre son propre régime ! Ce n’est pas contre Daesh que l’armée turque se bat mais contre les Kurdes.

Le jeu sinistres des rivalités entre les grandes puissances internationales ou locales entretient le chaos. Et parmi ces manœuvres, il y a les sanglants calculs de Hollande. Quatre ans après le renversement de Kadhafi, le gouvernement prévoit une intervention militaire en Libye, selon Le Drian « à l’horizon de six mois, voire avant le printemps »...

Une politique criminelle, alors qu’en Syrie, près de 4 millions de personnes, sur une population de 21 millions, ont été contraintes de s’exiler au prix de leur vie, face à la fermeture des frontières, murs et barbelés que dressent contre eux les États responsables de leur drame.

DAESH OU LA MONDIALISATION DU TERRORISME DJIHADISTE

Daesh semble vouloir maintenant menacer l’Allemagne et Israël. 2015 l’a vu mondialiser son champ d’action. Né à travers la guerre en Afghanistan puis l’invasion de l’Irak en 2003, constitué en 2013, l’État islamique en Irak et au Levant (Daesh) conquiert en 2014 un tiers de l’Irak et la moitié de la Syrie, 230 000 km2 où il fait régner la terreur.

La barbarie de Daesh s’est constamment nourrie de celle engendrée par les interventions des grandes puissances et des marionnettes qu’ils ont installées au pouvoir en Irak. Elle a prospéré sur la base de l’effondrement d’États sans légitimité populaire, en profitant des armes que leur a fournies abondamment les USA comme des ventes d’armes occidentales. Il peut se financer par toutes sortes de trafics, principalement le pétrole et les armes, jouant de complicités bien établies, des manœuvres des grandes puissance et du double jeu de leurs alliés régionaux comme l’Arabie saoudite ou la Turquie. à défaut de pouvoir rétablir une stabilité dans le région, les USA ont laissé faire la logique du chaos qu’ils ont créé, une façon de continuer à contrôler la région... Sauf que la politique du laisser-faire a ses limites, les dirigeants des grandes puissances ne pouvant échapper à la logique de leur guerre permanente.

Ils contribuent ainsi au développement de leur enfant monstrueux en créant son terrain social et politique, la révolte des populations et de la jeunesse écrasées par la misère et la guerre, soumises à des dictatures alliés des grandes puissances étouffant par la répression toute évolution progressiste.

Par le terrorisme, Daesh veut entretenir les tensions, le désespoir et la haine qui lui fournissent son terrain de recrutement au Moyen Orient mais aussi en Europe et dans le monde en provoquant une montée de la xénophobie et du racisme anti-musulman. Par leurs politiques, ils font le jeu des forces les plus réactionnaires. Les uns et les autres participent du même processus de décomposition sociale engendré par les politiques libérales et impérialistes.

MIGRANT-E-S, UNE POLITIQUE INSUPPORTABLE

Dérèglement climatique, dévastations causées par une agriculture au service du profit, guerres et interventions en défense des intérêts économiques et stratégiques capitalistes sous couvert de lutte contre le terrorisme, provoquent des mouvements migratoires d’une ampleur inconnue.

La photo du jeune Aylan retrouvé mort sur une plage de Turquie, les annonces répétées de la mort de milliers de réfugiéEs en Méditerranée, ont suscité et suscitent une émotion légitime. Pourtant l’Europe, et au premier rang la France, continue de pratiquer une politique migratoire régressive et répressive. Sur les 22 000 migrantEs que l’Union européenne s’était engagée à accueillir en juillet, seulement 600 ont effectivement fait l’objet d’une « réinstallation ». Sur le plan de « relocalisation » de 160 000 réfugiéEs adopté en octobre, seulement 184 personnes étaient concernées au 16 décembre.

La France s’est engagée à recevoir en tout 32 000 personnes (Syriens, Irakiens et Erythréens) sur deux ans, soit environ 1 300 personnes par mois. 200 devaient arriver en novembre, 300 en décembre, 400 en janvier. En fait, seuls 19 Erythréens sont arrivés début novembre et ont été accueillis près de Nantes. De Calais à la place de la République, en passant par La Chapelle, celles et ceux qui fuient la torture au Soudan, la dictature en Erythrée ou la guerre civile en Libye ou en Syrie, sont tour à tour intimidés, parqués, rafléEs, pourchassés.

UNE ANNÉE DE LUTTES FÉMINISTES ET LGBTI

L’an passé, c était les 40 ans de la loi Veil légalisant l’avortement dans un contexte de coupes budgétaires dans la santé en même temps que le lien à la PMA était fait par les associations lesbiennes.

Les attentats de janvier et le développement de l’islamophobie ont imposé une autre actualité : la dénonciation des agressions de femmes voilées imposant de lier les combats antiracistes et antisexistes.

Malgré ce contexte, de nombreuses luttes de travailleuses ont eu lieu tout au long de l’année. Menées par des précaires, parfois sans papiers comme au salon de coiffure de Château d’Eau à Paris, femmes de ménages à la BNF, à la fac de Saint-Denis. Le 8 mars, les deux manifestations parallèles à Paris, ont au total rassemblé davantage de monde qu’en 2014, ainsi que des initiatives unitaires en région avec la dénonciation de la loi Macron et ses attaques spécifiques contre les femmes.

Fin mars, pendant le débat au Parlement, la mobilisation s’est poursuivi contre la pénalisation des clients, puis contre le harcèlement des prostituées par la police,

En partie dématérialisées, les campagnes appuyées sur les réseaux sociaux contre le harcèlement de rue et contre la taxation des protections périodiques ont connu un succès certain avec des mesures prises au niveau national par le gouvernement.

Fin novembre, les attentats et l’état d’urgence ont provoqué l’annulation des manifestations contre les violences faites aux femmes.

Côté luttes LGBTI, une Marche des Fiertés à la communication homonationaliste et raciste a été pour la première fois malmenée par une Pride de nuit plus radicale organisée la veille. En novembre, les États généraux du militantisme LGBT ont continué à questionner la place de l’inter-LGBT en cherchant une relance à la base.

APRÈS L’ARGENTINE, LA REVANCHE DE LA RÉACTION AU VENEZUELA

Le 6 décembre, lors des élections pour le Parlement, la droite l’a emporté largement avec 70 % des voix. Pour le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), le parti chaviste qui se présentait au sein d’un Grand pôle patriotique, et Maduro, le successeur de Chavez, le désaveu est sévère.

Depuis 1999, Chavez avait contraint les exploitants pétroliers privés à payer leur dû à la collectivité. Il avait choisi d’affecter la rente pétrolière, du moins en partie, à des programmes sociaux, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation, du logement ou pour les produits de première nécessité. Avec la chute du prix du brut, la situation économique et sociale s’est beaucoup dégradée. Les pénuries de denrées de première nécessité se sont aggravées. Les queues se sont allongées à l’entrée des magasins, suscitant parfois violences et affrontements. Les prix se sont envolés, doublant en 2015.

Pour la bourgeoisie qui continue de détenir les deux tiers du produit intérieur brut et pour la droite, l’heure de la revanche est venue. Ils ont bénéficié du discrédit du régime qui n’avait pas remis en cause leur pouvoir économique et social. C’est toute la droite latino-américaine qui est ainsi renforcée pour prendre l’offensive pour le compte du capital et à laquelle les travailleurs auront à résister pour défendre leurs droits.

CRISE POLITIQUE ET DROITISATION

Après 35 ans d’alternances sans alternative, le champ politique ressemble à un champ de ruines. Les résultats des élections départementales aux régionales en illustrent l’étendue.

Les partis de droite, dont le programme et les repères idéologiques sont largement repris par la « gauche », peine à sauvegarder un espace politique entre le PS et l’extrême droite. Les affrontements de personnes et de clans s’ajoutent à cette crise qui met en cause l’existence d’une certaine représentation de la bourgeoise, ce qui ouvre la voie à un possible recours pour une fraction de cette classe, une droite plus radicale, voire le FN.

En mettant en œuvre une politique de plus en plus ouvertement favorable au patronat et de plus en plus répressive, le PS tend à réduire toujours davantage sa base sociale malgré le soutien d’une grande partie des organisations syndicales. Ce rétrécissement accompagne celui de sa base électorale.

Le soutien apporté au gouvernement par la majorité d’EELV entraîne la désertion d’une partie des militantEs et des électeurEs des différents courants se réclamant d’une écologie de gauche. De même, l’accompagnement à peine critique du Front de gauche – jusqu’au vote de l’état d’urgence – accentue une crise interne sur fond de reculs électoraux.

Au total, le Front national est le seul à profiter de cette crise politique alimentée par une crise économique sociale, écologique sans solution dans le cadre du système. Un succès électoral, mais aussi idéologique avec une progression de ses idées et des ses propositions les plus réactionnaires.

CHINE : LE PROFIT POLLUE, DÉTRUIT ET TUE

Le 12 août, à Tianjin, une métropole de 14 millions d’habitants non loin de Pékin, deux explosions dans un entrepôt de produits chimiques ont entraîné la mort de centaines de personnes. 700 tonnes de cyanure de sodium étaient stockées... alors que l’autorisation se limitait à 24 tonnes. C’est donc bien le mépris des règles de sécurité qui a tué, comme dans les multiples accidents industriels que connaît la Chine. « L’atelier du monde » ne respecte pas plus les travailleurs, leurs conditions de travail et de vie, que la nature.

Le 20 décembre, à Shenzhen à côté de Hong Kong, immense zone industrielle de dix millions d’habitants construite sans le moindre souci de sécurité, un énorme terril constitué par les déchets des sites de construction accumulés s’est effondré et transformé en une coulée de boue qui a englouti 33 immeubles et enseveli au moins 91 personnes.

Toute la population est victime de la pollution de l’air. Le 8 décembre, le gouvernement chinois a déclenché « l’alerte rouge » à Pékin, de même le 24 décembre dans toute la province du Shandong située entre Pékin et Shanghai, alors que dans 17 des plus grandes villes de la province, la pollution atteignait des sommets. La qualité de l’air s’est gravement détériorée dans une douzaine d’autres provinces, touchant près de 700 millions de personnes, soit la moitié de la population totale chinoise.

Face aux réactions ouvrières qui se multiplient, le pouvoir n’a qu’un souci : réprimer pour rassurer les patrons chinois... et les donneurs d’ordre capitalistes de toute la planète.

ECOLOGIE : LE CAPITALISME, CE GRAND PROJET INUTILE IMPOSE

L’année 2015 aura été riche en événements et mobilisations autour de l’écologie, cela avec des fortunes diverses.

D’abord sur le terrain des mobilisations contre les GP2I (grands projets inutiles et imposés). Malgré le passage en force gouvernemental, s’appuyant sur des milices fascisantes pour évacuer la ZAD de Sivens début mars 2015, et l’annonce de la reprise des travaux à Notre-Dame-des-Landes pour début 2016, les mobilisations contre ces projets absurdes et destructeurs ont continué à se multiplier un peu partout.

Face à cela, le gouvernement a soufflé le chaud et le froid, annonçant par exemple pour Sivens l’abandon du projet initial (officialisé juste avant Noël)... tout en maintenant un projet de barrage légèrement en amont, retirant début janvier des permis de recherche sur les gaz de schiste... tout en poursuivant coûte que coûte le nouvel EPR ou le site d’enfouissement de Bure ! Il a aussi mis en place la très anti-écologique loi Macron, avec ses fameux « bus Macron » mais aussi des possibilités de passage en force sur les GP2I en modifiant la procédure des enquêtes publiques.

Point d’orgue de l’année, tout a été fait pour faire taire la mobilisation lors de la COP21 : fermeture des frontières, assignations à résidence, interdictions de manifestations et arrestations arbitraires. Mais si cela a évidemment gâché une mobilisation qui s’annonçait énorme, ils n’ont pas pu empêcher la rue de se faire entendre et une nouvelle génération militante de se forger dans l’opposition au gouvernement et au système capitaliste...

VERS UNE NOUVELLE CRISE FINANCIÈRE ?

Ici, comme aux USA ou dans l’ensemble des États, la course à la compétitivité au nom du mythe de la croissance est en fait un moyen de concentrer toujours plus de richesses entre les mains d’une minorité. En 2016, les 80 personnes les plus fortunées du monde posséderont autant de richesses que trois milliards et demi d’êtres humains selon la prévision réalisée par une ONG, Oxfam. Par contre, depuis 2010, ce que possède la moitié la plus pauvre de la population mondiale ne cesse de diminuer.

Cette course au profit est le plus court chemin vers une stagnation économique, voire vers un nouvelle épisode aigu de la crise financière, comme cet été qui a vu les bourses plonger suite à la chute de la Bourse de Shanghai après une frénésie spéculative. Et les financiers sont nerveux, alors que l’économie mondiale, dont l’économie chinoise, stagne ou ralentit.

La banque centrale américaine, la FED, vient d’annoncer la hausse de ses taux d’intérêt sur l’argent mis à la disposition des banques, qui étaient proches de zéro (entre 0 et 0,25 %) depuis 2009. Sous prétexte de favoriser la relance de l’économie, la banque centrale a prêté des centaines de milliards pratiquement gratuitement. Toute l’économie a été mise sous perfusion. Le résultat n’a pas tant été la reprise qu’un gonflement des profits, une frénésie spéculative.

Par ce geste, la FED veut redonner confiance aux marchés, l’économie irait bien… Cet optimisme de façade ne repose sur aucune réalité, bien au contraire. De fortes tensions sont en train de secouer les marchés financiers des matières premières qui franchissent chaque jour de nouveaux seuils à la baisse, en particulier le pétrole.

Les conditions mûrissent pour un nouvel épisode aigu de la crise qui ne sera pas que financier.

SI, PODEMOS ! PRENONS NOS AFFAIRES EN MAIN !

Le 20 décembre, dans l’État espagnol, les élections pour désigner les députés au Parlement et du même coup le gouvernement, ont bousculé l’alternance entre la droite, le Parti populaire (PP), et le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Podemos, qui n’existait pas lors des élections précédentes, s’impose – avec 20,7 % des voix et 69 élus – comme la troisième force du pays.

Ces résultats expriment le mécontentement et la volonté de changement qui se manifestent depuis plusieurs années dans une partie importante de la population. Corruption d’une fraction des politiciens de tous bords, en collusion avec les milieux d’affaires, mais aussi et surtout chômage, dégradation globale des conditions de travail et de vie... Et c’est bien à ce niveau qu’il faudrait répondre en satisfaisant les revendications du monde du travail, en prenant sur les profits des groupes capitalistes, des banquiers pour en finir avec le chômage, la précarité et les bas salaires, annuler la dette.

Cela, seules les mobilisations, l’organisation, l’intervention du monde du travail, hors du jeu institutionnel et parlementaire, pourra l’imposer.

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Mis à jour le dimanche 7 janvier 2024