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Prison ferme pour les Goodyear Amiens. Leur justice et la nôtre.

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On ne peut pas « tolérer, dans un État de droit, même dans un tel contexte social difficile », que les salariés se rendent « justice eux-mêmes », a déclaré à plusieurs reprises le procureur d’Amiens pendant le procès. Cela avait le mérite d’être clair : face aux patrons, aux licenciements, aux milliers de vie brisés pour le bien de leur profit, la « justice » doit être celle de l’Etat. Et aujourd’hui encore, elle nous montre ce qu’elle vaut cette justice et ce qu’elle défend, en condamnant à deux ans de prison, dont 9 mois fermes, les 8 salariés de Goodyear Amiens qui avait séquestré deux de leurs patrons voyous pour protester contre la fermeture de leur usine.

Une décision politique pour briser les salariés qui ont osé leur tenir tête

En justifiant ainsi sa décision, le procureur ne fait que révéler son contenu politique : dans les comptes rendus du procès, il n’est d’ailleurs peu mention des faits précis. Pour le juge, peu importe que les salariés n’aient pas prémédité leur geste, comme ils l’ont prouvé lors du procès, peu importe qu’il n’y ait pas eu de violence à l’encontre du directeur des ressources humaines et de production alors séquestrés. Peu importe aussi que la direction de Goodyear et les « séquestrés » eux même retirent leur plainte et que seul l’Etat se retrouve à mener l’accusation. Il faut frapper fort contre ceux qui résistent.

Et, comme le rappelle le communiqué des Goodyear « pour la première fois depuis un demi siècle un gouvernement a demandé que soit requis des peines de prison ferme contre des syndicalistes ». Derrière ce jugement, c’est la politique du gouvernement qui cherche à réduire au silence une bonne fois pour toute la résistance ouvrière contre les licenciements qui s’exprime par la vague d’occupations d’usines depuis 2008-2009, à travers la voix des Goodyear, mais aussi des « Contis » ou des salariés d’AirFrance depuis l’automne 2015.

Du côté du PS même, des réactions se font entendre pour dénoncer la décision du tribunal. Le député frondeur Yann Galut s’est exprimé sur Twitter : « J’aimerais la même sévérité à l’égard des patrons voyous », mais aussi la secrétaire d’Etat Pascale Boistard en exprimant son « émotion fraternelle » à l’égard des salariés condamnés. Hypocrisie opportuniste dans l’espoir de conserver ses ex-électeurs (elle fut députée de la Somme avant son entrée au ministère) ou réel trouble au sein du PS face à cette décision, il n’en reste pas moins que la violence de la condamnation paraît difficile à avaler, même du côté de chez ceux qui défendent le gouvernement qui en est à l’origine.

« Nous sommes tous Goodyear »

Pour les salariés de Goodyear, pour tous ceux qui se sont battus, cette condamnation est une violence de plus de la part de cette société de classe et d’exploitation. Aujourd’hui encore, sur les 1150 ex-salariés, plus de 750 n’ont toujours pas trouvé de travail, sans compter tous ceux qui n’ont pu trouver que des emplois précaires ou en intérim. Combien de vies brisées pour le profit de quelques uns ? Comment la « justice » ose-t-elle condamner une trentaine d’heures de « séquestration » quand ce sont des milliers et des milliers d’heures et de vies sont détruites et saccagées par les licenciements et le chômage ?

Les salariés condamnés ont déclaré vouloir faire appel de la décision. Ce combat contre cette justice de classe est aussi le nôtre. Lutter contre la répression d’aujourd’hui, c’est empêcher celle de demain dont nous serons victimes, dans nos boites, dans la rue, dans nos activités syndicales et militantes. Un seul mot d’ordre : « Nous sommes tous Goodyear »

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Mis à jour le dimanche 24 mars 2024