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Démantèlement du camp de migrants à Strasbourg. NPA
Ce pacte illustre à la fois l’absence totale de démocratie de l’Union européenne, qui prend des décisions opaques loin des peuples, et sa politique inhumaine, sécuritaire, raciste. Après plus de quatre ans de tractations discrètes entre les instances européennes et un accord des États membres, ce pacte a été voté par le Parlement européen le 10 avril et sera validé prochainement par le Conseil de l’UE.
Pour convaincre les députéEs de rejeter ce texte inique, 161 organisations des sociétés civiles européennes s’étaient unies. Les pétitions et la manifestation dans l’hémicycle n’ont pas suffi. Le pacte a été adopté avec… 30 voix d’écart ! Il affiche trois objectifs, la lutte contre l’immigration illégale, l’accélération de la « reconduite » des personnes en situation irrégulière et la solidarité entre les États.
Trier, filtrer, enfermer, l’inhumanité au pouvoir !
Leur volonté est d’empêcher l’entrée sur le territoire européen des personnes sans visa par tous les moyens. Pour cela, un tri et un filtrage avant l’entrée sur le territoire de l’UE sont organisés par la rétention dans les zones frontières et les aéroports, 30 000 places sont créées à cet effet. Les arrivantEs y seront toutEs enferméEs pendant sept jours afin d’examiner s’iels peuvent faire l’objet d’une procédure de retour immédiate et de l’organiser. C’est l’interdiction du refoulement à la frontière qui est supprimée et l’impossibilité du recours à la justice. Pour celleux dont la demande d’asile est reconnue recevable, ils n’entrent pas pour autant automatiquement sur le territoire européen. En effet, s’iels arrivent d’un pays où le taux de demandes d’asile acceptées est inférieur à 20 %, iels seront soumisEs à « la demande spéciale à la frontière » dont le traitement pourra durer 12 semaines, avec à la clé la rétention, familles et enfants compris. Le droit individuel au traitement égal de chacunE est supprimé. Il y aura encore 12 semaines maximum pour organiser le renvoi des personnes vers leur pays d’origine ou un pays tiers « sûr ». Pour aider dans cette sale besogne, Frontex, doté d’un budget de 900 millions d’euros et de 10 000 agents supplémentaires d’ici 2027, est fortement sollicité. Enfin, le fichier Eurodac, base de données biométriques, est complété par la collecte d’images faciales, l’identité détaillée des personnes et la description de leurs parcours migratoires, y compris pour les enfants à partir de 6 ans. Consultable par Europol et toutes les polices des États membres.
Solidarité entre les États européens ?
Le pacte ne supprime pas le règlement Dublin, le pays d’arrivée est toujours chargé de l’instruction des demandes, mais le pacte promeut la « relocalisation » des arrivantEs. 30 000 personnes par an devraient être envoyées dans les États membres qui ne sont pas en première ligne. Si des États refusent des migrantEs, ils devront s’acquitter de 20 000 euros par personne rejetée qui seront versés à la caisse commune de solidarité, celle qui sert notamment à construire des murs et des barbelés aux frontières et à financer l’aide au retour !
Voté par les socio-démocrates, sauf Glucksmann et quelques autres, et par la droite, situé clairement sur le terrain des idées de l’extrême droite, il ancre la campagne électorale sur « le grand remplacement ». Les députéEs d’extrême droite, sauf les Italiens, l’ont rejeté car jugé trop laxiste. Bardella fustige « la submersion par les uns et la soumission des autres » et prédit « l’invasion de nos villages français ».
Non à l’UE xénophobe et raciste
Ils viennent souvent d’Afrique ou du Moyen-Orient, ce qui suffit à supprimer leurs droits élémentaires et à les embastiller sans raison. Ils ont fui des violences insoutenables, survécu le plus souvent aux prisons libyennes, traversé mille dangers dans les montagnes ou les mers (40 000 personnes ont péri en mer en dix ans) et l’UE les enferme dès leur arrivée avant de les renvoyer. Continuons à les accueillir, les soutenir, battons-nous par nos luttes et dans les urnes pour l’accueil inconditionnel, l’ouverture des frontières, la liberté de circulation et d’installation.